DESPRÉS Henri-Alain - 1951 s

DESPRÉS (Henri-Alain), né le 13 juillet 1932 à Lyon, décédé le 4 juin 2018 à La Tronche (Isère). – Promotion de 1951 s.


Alain Després a grandi à Louhans, puis à Pontarlier, dans une famille de littéraires . Son père, Roger Després, diplômé en lettres classiques, enseignait au lycée la littérature fran- çaise, le latin et le grec, et la philosophie . Sa mère, Jeanne Cotte, était aussi diplômée en philosophie . Alain entre en classes préparatoires scientifiques comme interne au lycée de Besançon . Admis au concours de l’ENS de la rue d’Ulm à l’âge de 19 ans, il quitte la province pour la capitale . Les années d’École sont les plus riches de sa vie en rencontres et en expériences intellectuelles . Il fréquente non seulement les autres élèves physiciens, mais aussi les élèves littéraires, philosophes, avec lesquels il a des discussions passion- nées sur les mouvements politiques de l’époque .

Il est reçu brillamment à l’agrégation de physique-chimie en 1956 . En pleine guerre d’Algérie, il obtient un sursis militaire, et enseigne un an en classes préparatoires au lycée Champollion de Grenoble de 1956 à 1957, puis il est incorporé dans la marine, en tant que scientifique du Contingent à Toulon, puis à l’Observatoire de Paris .

À la rentrée 1959, il est nommé professeur de physique au lycée Mignet d’Aix-en- Provence où il rencontre Monique Le Cars, documentaliste dans ce lycée, qu’il épouse le 24 août 1961 à Rennes . De cette union sont nées Isabelle (1962), Laurence (1965) et Juliette (1967) . Dès 1962, la famille s’installe à Orsay en raison du recrutement d’Alain comme maître-assistant dans la toute jeune université d’Orsay . Soucieux de davantage de justice sociale, il s’implique fortement dans la vie politique, et les événements de 1968 à Paris sont pour lui un moment exaltant .

De 1962 à 1980, il prépare les candidats aux concours de l’agrégation et du Capes de physique . Ses travaux de recherche aboutissent en 1979 à un mémoire de thèse de doctorat d’État (spectroscopie optique et RF de molécules aromatiques orientées par leur substitution en phase solide monocristalline) .

De 1980 à 1995, par périodes de trois ans, il est affecté à des travaux dirigés et travaux pratiques, dans divers services d’enseignement (École d’optique, Deug, Licence, Maîtrise puis Magistère) . Dans une équipe du laboratoire de Photophysique moléculaire, en collaboration avec des chercheurs français, néerlandais et améri- cains, il s’intéresse tout particulièrement à la partie expérimentale de la production par photochimie à basse température de biradicaux, avec mesure de leur durée de fluorescence excitée par impulsion laser : le raccourcissement prévu de cette durée, sous l’effet d’un champ magnétique statique, a été observé et a permis d’évaluer la séparation des sous-niveaux de l’état triplet excité .

Le professeur Sydney Leach, qui dirigeait le laboratoire de Photophysique molé- culaire se souvient de lui en ces termes : « C’est avec grande tristesse que j’ai appris le décès d’Alain . Mes souvenirs de lui s’étendent sur de longues années, depuis qu’il a rejoint le laboratoire de Photophysique moléculaire à Orsay en 1968, où il a fait sa thèse de doctorat . Alain était un homme de grandes capacités intellectuelles, très, peut-être trop, méticuleux dans sa façon d’aborder des problèmes . Son esprit critique, souvent pertinent, était connu et apprécié pour sa rigueur . Ses travaux scientifiques dans les domaines de la spectroscopie et de la physique moléculaire étaient de grande qualité, expression d’un chercheur ayant des dons d’expérimentation en plus de ses connaissances théoriques approfondies . Il questionnait tout . »

En retraite depuis 1995, il profite de son temps libre pour s’adonner à la marche en montagne, à l’observation et la photographie des fleurs et des insectes . Son esprit curieux et insatiable le pousse à s’intéresser aux nouvelles découvertes dans tous les domaines de la connaissance (informatique, histoire, histoire des sciences, étymologie, architecture...) . Tout son entourage se rappelle combien il avait à cœur de partager avec les autres le contenu de ses lectures, des cours et des conférences auxquels il avait assisté . Précurseur pour la prise de conscience de l’urgence écolo- giste, il milite localement pour diverses causes environnementales .

Après le décès de son épouse en 2010, il s’était installé à Grenoble, près du lieu de résidence de ses trois petits-fils, et il revenait régulièrement passer l’été à Orsay pour profiter d’un climat plus frais et pour mettre à jour ses archives . Notre père est un exemple pour ses trois petits-fils Gilles, Arsène et Simon, qui tous trois débutent des études en physique . Gilles, son petit-fils de 21 ans est actuellement en 2e année au Magistère de physique d’Orsay, sur les traces de son grand-père .

Jusqu’à sa mort, survenue de façon brutale des suites d’un AVC, Alain a gardé son esprit critique, voire rebelle, et son extraordinaire curiosité intellectuelle et combative .

Isabelle, Laurence et Juliette, ses filles