JEANGIRARD Paul - 1938 s

JEANGIRARD (Paul), né le 31 mai 1918 à Saint-Georges de Didonne (Charente-Inférieure), décédé le 18 février 2019 à Orléans (Loiret). – Promotion de 1938 s.


Né en 1918, Paul Jeangirard est le fils d’Albert Jeangirard et de Marguerite Dubois, mariés en 1910 . Il ne connut jamais son père, officier sur le front oriental, qui informé de la naissance n’avait pu obtenir la permission demandée, et est décédé près de Skopje un mois avant l’armistice . Il est élevé par sa mère (1897 S) et sa tante Hélène (1888 S) ainsi que sa sœur Henriette (1936 S) . Il reste marqué toute sa vie par l’absence du père et le milieu féminin dans lequel il vécut .

Jeune homme doué d’une mémoire remarquable, il voyage dans l’Europe de l’entre-deux-guerres dans le sillage de sa mère qui l’emmène aux congrès d’esperanto, et se passionne notamment pour la langue allemande dont il apprécie la logique . Brillant étudiant, il est reçu à Polytechnique en même temps qu’à Normale sup sciences ; ne souhaitant pas porter les armes, il opte pour l’ENS en 1938 . Mais le début de la Seconde Guerre mondiale vient interrompre ses études supérieures .

Mobilisé en 1939, il sert comme aspirant officier dans l’artillerie sur la ligne Maginot et, rapidement fait prisonnier, il passe cinq années en Prusse orientale, dans différents camps, travaillant tour à tour dans des exploitations agricoles ou dans une imprimerie et participant à des activités d’enseignement dans les camps . Comme des dizaines de milliers de prisonniers, après la Libération il regagne la France par ses propres moyens, au cours d’un long et difficile périple à travers l’Europe, qu’il aimait raconter, véritable épopée individuelle et collective au cours de laquelle sa passion de la géographie lui a rendu d’inestimables services .

De retour de captivité, il ne souhaite pas reprendre les études et entre à l’Institut géographique national . Il participe alors activement à la vaste entreprise de cartogra- phie du territoire français, à une époque où les levés de plan se font par triangulation sur le terrain, avec un aide, et en se faisant héberger dans les auberges de campagne ou chez l’habitant . Lorsque l’IGN demande aux nouveaux ingénieurs d’aller établir les cartes de l’Afrique équatoriale française, il est sur le point de se marier avec Annie (Anne-Marie Gautherot), et choisit donc de démissionner . Il laisse un travail de « réforme géographique », entrepris en captivité, qui consiste à redélimiter les dépar- tements français pour les rendre plus cohérents géographiquement et mieux adaptés aux réalités de terrain .

En 1947, il reprend ses études à l’ENS et obtient dans la foulée l’agrégation de mathématiques ; il opte pour l’enseignement, tradition profondément ancrée dans sa propre famille et dans celle de sa femme, professeure à l’École normale d’insti- tutrices . Il s’installe à Orléans auprès de sa belle-famille . L’essentiel de sa carrière se déroule comme professeur de mathématiques en classe préparatoire (mathématiques supérieures puis mathématiques spéciales) au lycée Pothier d’Orléans à partir de 1954 . À la fin des années 1950 et au début des années 1960, il participe également à l’enseignement des adultes au Cnam et à la création du collège universitaire, dans l’ancien château de La Source, puis de l’université d’Orléans-Tours .

Durant 25 ans, il se consacre pleinement à son activité d’enseignement, rythmée par les colles, les copies et les démonstrations . Professeur très rigoureux et exigeant, mais néanmoins bienveillant, il marque de multiples générations d’étudiants et de nombreux collègues . Durant ces années, Paul et Annie ont deux filles (Lise, née en 1949 et Claire, née en 1954) avec lesquelles ils partagent leur goût de la marche en montagne dans les Alpes et du tourisme, arpentant méthodiquement la Suisse, l’Italie ou l’Autriche . Lui, qui connaît par cœur les horaires de train de toute la France, tient à visiter tous les cols d’Europe .

À sa retraite en 1980, il s’investit avec sa femme comme délégué départemental pour les écoles primaires d’Olivet, poursuivant ainsi un profond engagement laïc, au service de l’éducation publique . Ils s’occupent aussi souvent de leurs quatre petits- enfants . Veuf à partir de 1997, il consacre son temps au jardinage, au chant, à la marche et surtout à des recherches généalogiques qui lui font à nouveau arpenter la France pour consulter les archives . Il meurt en 2019 à Orléans, quelques mois après avoir fêté ses 100 ans .

Blaise DUFAL, son gendre