ALLAIS Gérard - 1955 s
ALLAIS (Gérard), né le 6 septembre 1935 à Épinay-sur-Orge (Seine-et-Oise), décédé le 30 octobre 2021 à Caen (Calvados). – Promotion de 1955 s.
Il est le sixième d’une famille de sept enfants, dont s’oc- cupait leur mère Marguerite, née Koch . Son père Paul était ingénieur au Paris-Orléans puis à la SNCF – il avait fait des études à Supélec .
Gérard Allais mène des études brillantes, tout d’abord au lycée Charlemagne, à Paris, qu’il fréquente de l’école primaire aux classes préparatoires – alors que toute la famille habite à Épinay-sur-Orge et que les premières années de sa scolarité primaire sont les années de guerre . Il
reçoit durant sa scolarité un deuxième prix au Concours général en physique (pas de premier prix attribué cette année-là) . Il poursuit sur sa lancée et est admis, la même année, en 1955, à l’École polytechnique et à l’École normale supérieure . Son goût pour la recherche lui fait préférer l’école de la rue d’Ulm . Il y aura pour camarades de promotion Pierre Alais et Étienne Guyon ; ce dernier s’exprime ainsi à l’annonce de son décès : « J’avais deux camarades de promotion, Pierre Alais et Gérard Allais... Allais avec deux ailes ! c’était quelqu’un de très gentil et de très réservé . » Dans la même promotion, il y avait notamment, parmi les scientifiques, le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux, les mathématiciens Michel Demazure, Georges Duvaut, Jean Giraud (1936-2007), Pierre Kaplan (1934-2006) et Jean-Louis Verdier (1935-1989), et les physiciens Michel Hulin (1936-1988), Dominique Silhouette (1936 ?-1992) et Jean-Paul Zahn (1935-2015) . En 1959, Gérard Allais est reçu deuxième à l’agré- gation de sciences physiques, avec Hubert Curien (1945 s) dans la préparation des Sévriennes et des Ulmiens... et aussi dans le jury .
Après sa formation comme officier de réserve, il effectue son service militaire comme enseignant à l’École de l’air à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) en 1960 et 1961 . À l’issue de son service, il commence une carrière d’enseignant-chercheur à la Sorbonne et sur le campus de Jussieu, au laboratoire de minéralogie-cristallographie de la faculté des sciences de Paris, dirigé par Jean Wyart (1923 s) . Nommé maître de conférences en 1953, Hubert Curien y est professeur depuis 1956 . En 1969, la faculté de sciences de Paris, sise à la Sorbonne, est scindée en deux parties qui rejoignent les universités scientifiques Paris 6 et Paris 7 . Le laboratoire de minéralogie-cristal- lographie déménage alors dans les nouveaux locaux de la Halle aux vins à Jussieu et devient un laboratoire CNRS associé à l’université Paris 6 .
En 1967, Gérard Allais soutient une thèse d’État en sciences physique, intitulée « Structure de la phase métastable de la bornite », une espèce minérale formée de sulfure de cuivre de formule Cu5FeS4 avec des traces d’argent, germanium, bismuth, indium et plomb . Il rejoint l’université de Caen comme maître de conférences en 1969, puis y est nommé professeur en 1974 . Avec son collègue et ami Alfred Deschanvres (1952 s), il s’investit dans la fondation de l’Institut des sciences de la matière et du rayonnement (ISMRA), école d’ingénieurs issue de la fusion, en 1976, de deux écoles nationales supérieures d’ingénieurs de Caen, celle de chimie et celle d’électronique et d’électromécanique . En 1986, à la suite de la loi Savary, l’ISMRA deviendra un établissement public à caractère administratif rattaché à l’université de Caen (associé à partir de 2015) . En 2002, l’ISMRA prendra le nom d’ENSICAEN, retrouvant ainsi, plus de vingt-cinq ans plus tard, la dénomination d’une école natio- nale supérieure d’ingénieurs (ENSI) .
La recherche en physique et chimie à Caen a une histoire assez complexe . Au sein de l’ISMRA, le laboratoire historique, le LCCPS (Laboratoire de cristallographie, chimie et physique du solide – LA 251), formé par le rassemblement de plusieurs équipes de recherche et dirigé par Alfred Deschanvres de 1978 à 1982, se scinde en deux labora- toires en 1985, le Lermat (Laboratoire d’études et de recherches sur les matériaux) et le Crismat (Cristallographie et sciences des matériaux) . Gérard Allais succèdera à Gérard Nouet à la direction du Lermat . Le Lermat donnera naissance au Cimap (Centre de recherche sur les ions, les matériaux et la photonique) en 2008, avec l’intégration de la plateforme Ciril (Centre interdisciplinaire de recherche ions lasers) .
Gérard Allais était extrêmement attaché à son enseignement et à l’encadrement de ses étudiants en thèse . Voici comment certains d’entre eux, contactés après l’annonce de son décès, se sont exprimés à son sujet .
M . Allais a toujours été pour moi un modèle d’enseignant de l’enseignement supérieur . Il avait cette aptitude à nous entraîner dans son raisonnement et cette rigueur scientifique . Avec lui, rigueur scientifique était synonyme de satisfaction intellectuelle et démarche vertueuse et non une contrainte ou un obstacle au savoir . Il ne faisait jamais dans l’approximatif . J’ai un profond respect pour la personne et l’enseignant qu’il était . Sa bienveillance à mon égard restera également gravée en ma mémoire . (Xavier Portier, Cimap, professeur à l’ENSICAEN)
C’était un homme d’une grande conviction, avec des qualités scientifiques et péda- gogiques hors normes . La constance de son humanisme me reste et me restera toujours . Cela a été un professeur pour qui la recherche consiste d’abord à ouvrir les portes du savoir et je resterai son disciple . Ses réflexions personnelles sur la vie m’ont appris la constance de toujours considérer le verre au moins à moitié plein . (Oumarou Savadogo, professeur au Polytechnique Montréal, Chaire Unesco en ingénierie durable et technologies solaires appliquées) .
Gérard Allais avait rencontré son épouse Séverine alors qu’ils étaient tous deux étudiants et fréquentaient la « Fédé », une fédération d’associations d’étudiants protestants . Elle est devenue médecin, Gérard l’a encouragée dans ses études de pédiatre, puis de nombreuses années plus tard quand elle a décidé de reprendre ses études pour devenir psychiatre . Des enfants, les uns après les autres, ont rejoint leur famille : Joëlle, Claire, Mireille et Pierre . Gérard était un père attentif et dévoué .
Gérard Allais a été promu officier des Palmes académiques au moment de son départ en retraite, au tournant des années 2000 .
Colette GUILLOPÉ, mathématicienne, nièce de Gérard Allais .