BESSIÈRE Francis - 1950 s

BESSIÈRE (Francis), né le 19 janvier 1931 à Aubin (Aveyron), décédé le 30 août 2015 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). – Promotion de 1950 s.


Pierre Bessière, fils de Francis Bessière, a retrouvé dans les papiers de son père la notice ci-dessous avec la mention manus- crite « à transmettre au secrétariat de l’Association des anciens élèves de l’ENS pour publication après mon décès ».

Je suis né en 1931, à Aubin (Aveyron), dans le bassin minier de Decazeville. Mes deux grands-pères étaient mineurs et ont été victimes de la silicose. Je n’avais pas deux ans quand mes parents, petits fonctionnaires, se sont installés près de Versailles, puis à Versailles même. C’est donc au lycée Hoche que j’ai fait l’essentiel de mes études secondaires.

Je suis entré à l’École normale supérieure, en sciences, en 1950 . Agrégé de physique en 1954, j’ai passé quelques mois au CNRS, en physique du Globe, sous la direction de Jean Coulomb (1923 s) que j’avais la chance de connaître depuis mon enfance .

Pendant mon service militaire, j’ai pu m’initier aux « sciences humaines » . Après quoi, en 1957, je suis entré à EDF, au service des Études économiques générales (EEG) que Marcel Boiteux (1942 s) venait de fonder . J’ai bientôt eu la responsabilité de la division (puis département) des recherches, et ce jusqu’en 1968 .

Dès 1969, essentiellement à l’initiative de Pierre Massé que je connaissais assez bien – est-il utile de dire que je l’ai considéré comme mon « maître » au même titre que Jean Coulomb et Marcel Boiteux – j’ai été détaché par EDF au CEPREMAP . J’ai dirigé ce centre jusqu’en 1972 puis, à ma demande, j’y suis resté en tant que « simple » chercheur : comme beaucoup, je souhaitais me libérer des tâches adminis- tratives ; comme bien peu, j’y suis parvenu ! ...

En 1978, M . Boiteux a accepté de me « rapatrier » à EDF (dont il était alors direc- teur général) à la Direction des études et recherches où, revenant à mes anciennes amours des sciences dites « dures », j’ai pu poursuivre des travaux qui n’avaient plus rien à voir avec l’économie . En 1991, à l’âge de 60 ans, comme tout le monde à EDF et à cette époque, j’ai pris ma retraite .

C’est pendant mon long passage aux EEG que mes recherches, qui portaient essentiellement sur la programmation à long terme [jusqu’à 30 ans, mais oui !] des investissements [ne pas prendre ce mot dans son sens financier actuel, mais comprendre : les équipements de production] m’ont conduit à définir et développer la notion de « séparabilité » .

Or celle-ci pouvait – devrais-je écrire : aurait pu ? – être utile à la planification dans l’esprit que Pierre Massé désirait promouvoir . Son objectif, en effet, était de limiter les interventions « dirigistes » aux cas, hélas ! trop fréquents, où le marché concurren- tiel – autrement dit : le « libéralisme » économique – néglige égoïstement le vrai long terme et ne prend pas réellement en compte l’intérêt collectif, encore moins dans le domaine social que dans celui de « l’environnement » .

C’est ce qui m’a valu d’être envoyé au CEPREMAP, mais aussi de faire, pendant longtemps (sauf erreur de 1962 ou 63 à 1978), une douzaine de cours par an au CEPE (Centre d’études des programmes économiques) où j’avais d’abord été élève, à temps partiel, en 1958-59 . Accessoirement, cela m’a valu de donner d’autres séries de cours ici ou là (ENSAE, ENA, Paris-I, SupÉlec, mais aussi Zagreb en 1965, Bruxelles en 1969) et de participer à quelques groupes de travail et à diverses missions à l’étranger, en particulier, à la fin des années 60, dans divers « pays socialistes » qui espéraient alors trouver un bon équilibre entre marché et planification .

Quant à mes violons d’Ingres, si cela peut vous intéresser, le plus productif fut la science-fiction : on a publié deux de mes nouvelles, un vrai miracle !