BOUZON Jean - 1950 s

BOUZON (Jean), né à Dijon (Côte-d’Or) le 18 novembre 1929, décédé à Dijon le 19 août 2016. – Promotion de 1950 s.


Nous avons suivi le même parcours, Jean Bouzon et moi, depuis notre entrée à l’École jusqu’à l’agrégation de mathématiques en 1953, après quoi il a enseigné pendant quelques années au lycée de Chaumont-sur-Marne ; c’est là qu’il a rencon- tré sa future épouse, Françoise Humblot, professeur d’allemand au même lycée . Il a ensuite été détaché au CNRS pour préparer une thèse de doctorat en géométrie différentielle, sous la direction de André Lichnerowicz (1933 s), ce qui lui a permis de devenir professeur à l’université de Saint-Étienne jusqu’à sa retraite .

Mais ce sont nos activités extra-scolaires et universitaires qui m’ont laissé les plus vifs souvenirs : belles découvertes en Bourgogne et à Dijon, sa ville natale ; randon- nées cyclistes de plusieurs centaines de kilomètres ; et, surtout, escalade, domaine dans lequel il excellait et où il a réussi à me faire acquérir de bien modestes compé- tences ; cela s’est passé d’abord dans les rochers de la forêt de Fontainebleau – la route nationale 7 permettait alors aux vaillants cyclistes que nous étions, de s’y rendre à bicyclette sans risquer leur vie ; par la suite dans les belles falaises bourguignonnes de Cormot-le-Grand et autres Fixin .

Il serait injuste de terminer cette brève notice sans évoquer les malheurs qui ont éprouvé Jean tout au long de sa vie . Son père, Henri Bouzon, avait milité très tôt dans divers partis d’inspiration chrétienne progressiste, dont le Sillon de Marc Sangnier, activité qu’il avait prolongée durant l’Occupation en diffusant des journaux clandes- tins ; arrêté et torturé par l’occupant, il mourut en déportation . La mère de Jean a dû travailler dur pour faire fonctionner une petite entreprise familiale et élever son fils et ses 5 filles .

Jean et son épouse n’ayant pu avoir d’enfants, ils adoptèrent une fille qui fut, pour eux, source de joie mais aussi de nombreux soucis . Françoise est décédée prématurément après des années ponctuées de nombreuses et douloureuses opérations chirurgicales . Jean perdit aussi une petite fille, décédée encore enfant, d’une maladie des muscles .

À l’université de Saint-Étienne, après avoir collaboré avec une équipe de chimistes et copublié un important traité intitulé « Cure of Thermosetting Resins » (Springer Verlag), il s’est estimé victime de malhonnêteté et a dépensé, mais en vain, beaucoup d’énergie pour tenter de faire rétablir la vérité .

Heureusement, à travers toutes ces épreuves, il a toujours été soutenu par une foi chrétienne inébranlable, consacrant, la vieillesse venue, beaucoup d’énergie à comparer les conséquences historiques et sociales des Évangiles et du Coran .

Ses camarades n’oublieront pas cet ami original et attachant .

Alain GUICHARDET (1950 s)

Jean Bouzon avait un goût prononcé pour la controverse . Il voulait corriger la moindre erreur dans le moindre texte . Il ne lâchait jamais et pouvait, au sujet d’un accent, grave ou aigu, disputer jusqu’à l’aube . Lors d’un événement important pour l’époque, je l’ai vu faire plier, comme dans un bras de fer, tout un groupe d’élèves qui voulaient imposer leur choix qu’il n’approuvait pas . Au sein du groupe tala, il vivait sa foi ardente, mais il ne faisait jamais de prosélytisme . À son entrée à l’École, il était d’une grande timidité et la cachait sous un petit rire à grelots . C’était, au demeurant, un camarade très attachant . Je l’imagine bien, dès son arrivée au Ciel, discutant avec les Séraphins et les Archanges !

Labib HADDAD (1950 s)