DAVID Laurence (épouse SCETBUN, puis BRÉBEC) - 1963 S.
DAVID (Laurence) épouse SCETBUN, puis BRÉBEC, née le 24 mars 1944 à Périgueux (Dordogne), décédée le 19 octobre 2016 à Trouville-sur-Mer (Calvados). – Promotion de 1963 S.
Laurence David-Scetbun-Brébec, la touche-à-tout géniale à l’imagination fertile et à la culture débordante, notre collègue pendant plusieurs décennies .
Elle était née le 24 mars 1944 à Périgueux (Dordogne) . Son père sera, dès 1960, doyen fondateur de la faculté des sciences de Reims mais elle n’en a jamais fait état . Elle était la seule fille d’une fratrie de cinq enfants . Elle a vécu quelques années de sa jeunesse à Montpazier .
Élève au lycée Jules-Ferry à Paris, elle est entrée en 1963 à l’École normale supé- rieure de jeunes filles de Sèvres . Agrégée de chimie en 1967, elle a débuté sa carrière d’enseignante au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur . Elle a fait un passage éclair à Janson-de-Sailly en spéciales B puis elle a été nommée à la rentrée 1973 à Louis-le-Grand pour la création des deux classes de spéciales P’ qu’elle a tenues seule pendant douze ans avant de les partager avec une autre collègue pendant plus de vingt ans . Devenue Laurence Brébec, elle a accompagné le changement des classes de spéciales P’ en classes de spéciales PC* .
Il est impossible de comptabiliser le nombre d’élèves qu’elle a contribué à faire entrer aux ENS, à l’X et dans les autres écoles d’ingénieurs (Centrale, Mines...) et aussi le nombre de candidats qu’elle a certifiés ou agrégés lors des nombreux jurys de concours auxquels elle a participé .
Pleine de fantaisie et d’imagination, elle était avant tout non-conformiste . Sa personnalité était brillante comme un diamant aux multiples facettes . Elle ne se retournait jamais vers le passé, elle regardait toujours vers l’avenir et partait à la découverte de nouvelles activités . En dehors de son métier, nous l’avons connue successivement comme :
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– GO au Club Med ;
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– la tête dans un jeu télévisé des années 70 « La tête et les jambes » sur Antenne 2 ;
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– auteure de nouvelles et de poèmes qu’elle a écrits et publiés en 1974 dans « Le présent éternel » ;
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– placomusophile ; avec les plaques de muselet, elle avait confectionné un tableau représentant une bouteille de champagne inclinée et versant le précieux nectar dans une flûte ;
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– mère de famille de Matthieu, Marie et Benjamin à la tristesse desquels nous nous associons .
Elle s’était mariée une première fois un 29 février en 1992 et ses collègues n’ont pas réussi à lui trouver un arbre qui ne fleurisse que tous les quatre ans ... Ainsi, pendant plusieurs années, elle signait LSD (pour Laurence Scetbun-David) .
Si elle n’avait pas été professeur de chimie, elle aurait fait de la musique . Elle était inégalable dans la composition express des paroles et de la musique des chansons qu’elle savait tourner joliment et drôlement à chaque fête (de fin d’année, de fin de concours...)
Pour le départ en retraite de Claudine Hermann en mai 2006, avec son complice Marc Serrero, elle écrivit un poème de 112 alexandrins dans lesquels s’étaient faufilées plus de 120 unités légales ou obsolètes, françaises ou étrangères . Quelle imagination, quel talent !
Partie en retraite à la fin juin 2006, elle a rapidement quitté la région parisienne pour Trouville-sur-Mer dans le Calvados où elle a « fait son trou » .
Dynamique sans égale, elle faisait partie de l’Association retraite active (ARA) de Trouville-sur-Mer : activités de remue-méninges pour les plus de cinquante ans .
Fantaisiste, elle y a même été actrice dans des courts métrages (Tea-Time, Dévotion et compromis, Le monde intérieur) et des clips (Death Row, réclame de Meuh Cola, boisson fabriquée en Normandie) .
La maladie l’a durement éprouvée pendant de nombreuses années, elle s’est battue avec une énergie immense et elle a forcé notre admiration . Par exemple, elle a arrêté de compter les interventions chirurgicales au-delà de la 50e...
Elle est décédée à Trouville-sur-Mer le 19 octobre 2016 .
Sylvie DANCRE
professeur de physique et chimie au lycée Louis-le-Grand, en retraite
Laurence David fut d’abord ma professeure au lycée Louis-le-Grand entre 1977 et 1979 . Elle est à l’origine de ma vocation de chimiste . À une époque où peu de jeunes femmes enseignaient à ce niveau, elle savait exercer son métier avec autorité et bienveillance . Je suis toujours admiratif de ses cours limpides et synthétiques . Son humour communicatif était aussi l’une de ses caractéristiques qui la faisait apprécier de tous ses élèves .
En 1984, j’ai retrouvé Laurence Scetbun : pour mon premier poste de jeune agrégé j’ai eu le privilège de la remplacer à l’occasion de son dernier congé de mater- nité, dans la classe où j’avais été élève quelques années plus tôt . Elle m’a accueilli avec enthousiasme et notre amitié professionnelle a ainsi démarré .
Dans les années 2000, nous avons eu l’occasion de travailler ensemble et je suis flatté qu’elle m’ait demandé à plusieurs reprises de la remplacer . Maintenant en poste au lycée Louis-le-Grand, je continue à marcher dans ses traces et pense souvent à elle qui a œuvré dans ce lieu pendant plus de trente ans . Laurence a toujours été une femme libre, joyeuse, pleine d’enthousiasme et qui aimait la vie .
Pascal FRAJMAN
Son ancien élève et professeur de chimie en PC* au lycée Louis-le-Grand
C’était un matin de septembre 1977, rentrée au lycée Louis-Le-Grand en P’1 . Vous étiez à l’époque « madame David », professeur de chimie et j’étais « 5/2 moins epsilon », comme disait votre collègue de mathématiques de l’époque, puisque j’arri- vais de province pour refaire une année de Mathématiques spéciales.
Cette année-là, vous m’avez appris la chimie, et surtout donné l’envie de l’ensei- gner : le cours était lumineux, en avance sur son temps (je m’en suis rendu compte bien plus tard en passant l’agrégation), les équations s’enchaînaient, les séances de TP illustraient parfaitement le cours . Vous m’y avez appris le respect du travail de l’équipe technique, entre autres . Vous m’avez fait l’insigne honneur de me faire découvrir les ouvrages de la bibliothèque des professeurs, à laquelle les élèves n’avaient pas accès en temps ordinaire . Ma décision était prise, je serai professeur de chimie .
Quelques années plus tard, vous me donniez la chance de faire passer des colles dans votre classe, notamment l’année où je préparais l’agrégation .
Nous nous perdîmes un peu de vue et je te retrouvai plus tard comme collègue, tu étais maintenant « Laurence » mais mon respect et mon admiration pour toi étaient toujours aussi grands .
Puis vint la maladie . Tu me fis cette infinie amitié de me confier un temps tes élèves, tu ne peux pas imaginer mon trac ce jour où je me retrouvai devant eux . Malgré tes souffrances, tu me fis l’immense joie d’assister à mon mariage, et de composer une de ces merveilleuses chansons dont tu avais le secret .
Tu as eu beau lutter, nous te pensions immortelle, mais la maladie a fini par avoir raison de toi . Tu laisseras un souvenir impérissable aux générations d’élèves à qui tu as transmis ta passion pour la chimie et pour la vie .
Julien LALANDE
Son ancien élève et professeur de chimie en PC* au lycée Henri-IV
Pour mesurer l’empreinte qu’a laissée Laurence Brébec auprès de ses élèves, il me semble que le plus frappant est de se rappeler la centaine d’élèves venus souvent de loin pour l’entourer lors de son pot de retraite à la mairie du Ve arrondissement : toutes les années ou presque étaient représentées, avec une infime minorité d’anciens qui avaient fait de la chimie leur profession . C’est avant tout la personnalité origi- nale et attachante de Laurence que ses anciens étaient venus saluer et notamment, pour beaucoup, sa manière de respecter leur manque d’inclination pour la chimie . J’ai retrouvé aussi dans un recueil de sentences des professeurs de P’1 écrit en 2001 par une ancienne élève cette formule de la chimiste-poète qu’était Laurence : « dès qu’on est en solution on n’est plus seul » . Je ne sais pas trop quelle est la significa- tion chimique de cette phrase, mais j’aime y voir aussi une dernière affirmation de l’importance que Laurence Brébec a donnée aux autres tout au long de sa vie .
Stéphane OLIVIER
professeur de physique en PC* au lycée Louis-le-Grand
Voisine de chambre et camarade de Laurence Boulevard Jourdan, j’aurais tant de souvenirs à raconter ! J’en évoquerai un seul . Cacique de sa promotion, Laurence béné- ficiait pour l’été 66 d’une Renault 4L et de 1500 litres d’essence . Elle avait choisi de suivre le Danube de Donaueschingen au delta et me proposa de la suivre dans cette aventure, à condition que je ne conduise ni ne chante trop (elle n’avait, à juste titre, guère confiance en mes capacités au volant, et encore moins en mes talents musicaux) . Il est difficile aujourd’hui de percevoir ce que ce périple représentait à l’époque du rideau de fer . De l’Allemagne à la Roumanie, en passant par l’Autriche, la Hongrie et Belgrade : deux mois ponctués d’accueils chaleureux, de passages de frontières stressants, de crevaisons multiples, réparées en échange d’une chemise, d’une paire de collants et d’une ou deux photos prises au polaroïd (encore le sens de l’anticipation et de l’organi- sation de Laurence !) . Quant au delta, ce fut un moment inoubliable : un pêcheur nous emmena dans sa barque, sortit soudain sa carabine (nous n’étions pas trop rassurées il faut le dire) et tira en l’air pour nous faire admirer l’extraordinaire diversité des oiseaux qui soudain remplirent le ciel . Nous avons souvent évoqué ce voyage qui nous ouvrit les yeux sur bien des réalités, et souda notre amitié, pour toujours .
Anne LEWIS-LOUBIGNAC (1965 L)
Cette notice a été rédigée avec le concours de son frère David JISSE et de sa fille Marie SCETBUN