DELANNOY Jacques - 1958 s
DELANNOY (Jacques), né le 12 juillet 1939 à Strasbourg (Haut-Rhin), décédé le 24 janvier 2015 à Nantes (Loire-Atlantique). – Promotion de 1958 s.
Ses camarades de la promotion 1958 gardent de Jacques Delannoy non seulement le souvenir d’un brillant mathé- maticien, mais celui d’un pianiste éblouissant. Ainsi Pierre Brunel (1958 l), passionné de musique, le retrouvait le soir, non pour lui disputer le piano de la salle Dussane, mais pour l’écouter avec admiration et parler avec lui des œuvres qu’il jouait .
Après avoir passé l’agrégation de mathématiques en 1961, Jacques enseigne quelques années à l’université de Nantes mais décide bientôt de se consacrer entière- ment à la musique . Elève d’Éliane Richepin et de Monique de la Bruchollerie, il s’est présenté à quatre concours internationaux en dix-huit mois au début des années 1970 et il est parvenu en finale de tous . Il a été récompensé par le Prix Yvonne-Loriod au concours Olivier-Messiaen, et par une médaille au concours Viotti ; et surtout, il remporte le premier grand prix au concours Cziffra .
C’est en 1972 qu’il quitte l’Université pour devenir professeur au conservatoire de Nantes . Titulaire du Certificat d’aptitude de piano et de musique de chambre, il y a enseigné trente ans . Il participait aussi, en tant que professeur de musique de chambre, à l’Académie internationale musicale d’Annecy, fondée par Eliane Richepin dans les années 1970 .
Y participait également Isabelle Flory, remarquable violoniste, fille de Georges Flory, (1941 s), professeur de mathématiques spéciales à Louis-le-Grand . Celle-ci a fondé, en 1981, l’Arpeggione, groupe de musique de chambre « à géométrie variable » . Lors d’une « summer school » en Angleterre en 1981, Isabelle a rencontré Yves Hellegouarch (1957 s), qui, après des études de violoncelle au conservatoire de Paris, a choisi d’étudier les mathématiques, puis a repris l’instrument après une vingtaine d’années d’interruption .
Ce dernier a également été recruté pour le jeune ensemble et c’est ainsi que les deux normaliens, qui ne s’étaient guère connus à l’École, sont devenus amis . Un autre membre de l’Arpeggione est Nicolas Risler, frère de Jean-Jacques Risler (1960 s) . Parmi les premières prestations de l’Arpeggione figurent plusieurs invitations au festival de Béziers, où Jacques a joué en soliste ainsi qu’avec des groupes de musique de chambre .
Il a été un des piliers de l’Arpeggione jusqu’à sa dissolution en 1988, année où l’ensemble a laissé la place au Quatuor Arpeggione, pendant quatre ans en résidence à la Sorbonne . Jacques a continué de collaborer avec le quatuor lors de concerts en France et à l’étranger, tout en menant une carrière de soliste, d’accompagnateur et de chambriste en France et à l’étranger . Il a joué avec de nombreux orchestres mais son domaine de prédilection était peut-être la musique de chambre . Il participait régulièrement aux « Folles journées de Nantes » .
En plus des prestations dans les salles de concert et à la radio (en France et à la BBC), il y a eu plusieurs concerts dans les universités de Nantes et de Caen . Jacques se produisait très souvent en duo avec Isabelle Flory, également en trio avec Isabelle et Yves, ainsi qu’en duo avec Yves pour des récitals de sonates à Caen et à Nantes . Les deux amis ont également donné un récital de sonates pour le bicentenaire de l’ENS en octobre 1994 .
Jacques était un musicien très réfléchi ; il aimait travailler sur une table la partition dont, par ailleurs, il connaissait de manière abstraite la structure . Cela lui permettait d’être un partenaire très attentif (et critique !) dans une performance de musique de chambre en public ; il aurait fait un excellent chef d’orchestre .
Un récital de sonates pour violoncelle et piano, prévu pour marquer la retraite d’Yves, professeur de mathématiques à l’université de Caen, est devenu, au dernier moment, un récital de piano, le violoncelliste s’étant fait une entorse au poignet ! Jacques a joué, à cette occasion, l’intégrale des valses de Chopin .
Après des ennuis de santé, Jacques avait recommencé à jouer en public, avec, entre autres, une magnifique interprétation de la sonate de Dutilleux lors d’un concert privé dans l’appartement parisien d’Adrien Douady (1954 s) en avril 2013 . Il avait des projets pour d’autres événements musicaux .
N’oublions pas l’autre passion de Jacques : le scrabble ! On lit l’hommage suivant dans le Carnet noir de la Fédération des scrabbleurs : « Joueur brillant, sympathique et discret, et pianiste virtuose, il avait enchanté les scrabbleurs à plusieurs reprises à l’occasion des récitals qu’il avait donnés pendant le festival de Vichy » . Il fut cham- pion de France en catégorie Vermeil en 1999 et en 2000 .
Pierre BRUNEL (1958 l)
Wynne HELLEGOUARCH épouse de Yves HELLEGOUARCH