FERRAND Jacqueline - 1936 s
FERRAND (Jacqueline), née le 17 février 1918 à Alès (Gard), décédée le 26 avril 2014 à Sceaux (Hauts-de-Seine). – Promotion de 1936 s.
Cette notice a été rédigée à partir des documents déposés par Jacqueline Ferrand au secrétariat de l’Association des élèves et anciens élèves de l’École normale supérieure (ENS) le 3 Juin 2011, c’est-à-dire 75 ans après son entrée à l’École et complétée par Pierre Pansu (1977 s) . Il est important de citer d’emblée une phrase d’elle qui décrit bien ce que ressentaient les jeunes filles à cette époque .
Je voudrais pouvoir témoigner de ce que je dois à l’École à une époque où l’Uni- versité et la recherche scientifique ne s’ouvraient qu’exceptionnellement aux femmes et remercier les camarades qui m’ont apporté leur soutien à mes débuts.
Marie Odile Jacqueline Ferrand est décédée le 26 avril 2014 à Sceaux, en son domicile .
De 1923 à 1933, elle a fait ses études primaires et secondaires au lycée de jeunes filles de Nîmes, son père était professeur de Lettres dans cette ville . Elle a obtenu la première partie du baccalauréat (latin, grec) en 1933 avec la mention Très Bien . Puis, pendant l’année scolaire 1933-1934, au lycée de garçons (actuellement lycée Alphonse-Daudet) de Nîmes, elle a obtenu, au concours général, le premier prix de mathématiques grâce aux compléments de cours dispensés par le professeur, Mme Derrimal, et la deuxième partie du baccalauréat avec la mention Très Bien . L’ancien lycée de jeunes filles de Nîmes est devenu actuellement le collège Feuchères ; un hommage à Jacqueline Ferrand a été rendu en juin 2015 .
La première année de classes préparatoires a été effectuée à Nîmes et la deuxième année au lycée Saint-Louis à Paris avec Pierre Chenevier (1908 s) . Elle a été admise 18e sur 22 à l’ENS Ulm, en surnombre avec Colette Rothschild, selon les règles d’alors .
De 1936 à 1939, pendant les trois ans d’études à l’ENS, elle a travaillé en turne avec ses camarades et obtenu la licence et des certificats d’études supérieures (théorie des fonctions avec Paul Montel (1894 s), géométrie supérieure avec Élie Cartan (1888 s), probabilités avec Georges Darmois (1906 s) .
En 1939, elle est reçue à l’agrégation masculine de mathématiques 1re ex-aequo avec Roger Apéry (1936 s) .
De 1939 à 1943, elle est agrégée répétitrice à l’ENSJF à la demande de Mme Cotton, en remplacement de la titulaire en congé de longue durée, puis titulaire du poste après son décès .
En juin 1952, elle soutient une thèse sur la « représentation conforme des domaines plans » préparée sous la direction d’Arnaud Denjoy (1902 s) .
En février 1943, elle est appelée à la faculté des Sciences de Bordeaux au titre de chargée de cours pour remplacer le professeur Jean Trousset (1905 s) puis, à la mort de celui-ci, en remplacement de Frédéric Roger (1930 s) alors prisonnier, nommé sur le poste .
En février 1945, au retour de Frédéric Roger, elle part de Bordeaux pour Caen pour remplacer le professeur Maurice Janet (1907 s) lui-même appelé à Paris pour remplacer Henri Cartan (1923 s) . Elle a été élue professeur à la faculté de Caen en 1947 .
Le 22 novembre 1947, elle se marie avec Pierre Lelong (1931 s), professeur à la faculté des Sciences de Lille . Elle obtient avec l’autorisation de cette faculté, son transfert de Caen à Lille à titre de professeur en octobre 1948 .
De septembre 1956 à décembre 1956, elle est invitée à Princeton (USA) (Institute for Advanced Studies) .
Élue pendant ce temps à la faculté des Sciences de Paris, elle est d’abord affectée à l’ENSJF, alors située boulevard Jourdan, puis aux enseignements généraux de licence (Calcul différentiel et intégral) et de premier cycle MP2 . Après la réforme de 1967 et l’installation à la Halle aux Vins, elle enseigne en Maîtrise et prend la responsabilité de la préparation au CAPES .
En 1969, elle opte pour l’université Paris-VI et l’UER 48 dont elle est directrice pendant une année . Elle enseigne également en DEUG .
Après un accident qui la laisse légèrement handicapée, elle demande une retraite et se retire le 1er octobre 1984 .
De son mariage avec Pierre Lelong sont nés quatre enfants Jean (1949), Henri (1951), Françoise (1952), Martine (1958) . Le couple divorce en 1975 .
Ouvrages publiés sous le nom de Jacqueline Lelong-Ferrand
Représentations conformes et transformations à intégrale de Dirichlet bornée (collection Cahiers Scientifiques, Gauthier-Villars 1955) .
Géométrie différentielle (tenseurs, formes différentielles) (Masson 1963) .
Les notions de mathématiques de base dans l’enseignement du second degré (Armand
Colin 1964) .
Cours polycopiés du CDU (plusieurs éditions) 3 fascicules (Calcul différentiel, Formes
différentielles, Géométrie différentielle) qui ont eu une grande diffusion .
En collaboration avec Combes, Leborgne et Viallar, Problèmes d’Analyse, 1967
(plusieurs rééditions) .
En collaboration avec Jean-Marie Arnaudiès, Cours de mathématiques (4 volumes)
(Dunod 1971-1975) : Algèbre, Analyse, Géométrie et Cinématique, Intégrales
multiples et Formes différentielles .
Exercices résolus d’Analyse (Dunod 1977) .
Les Fondements de la géométrie, PUF 1985, traduction russe parue aux éditions MIR .
Directions de thèses
Une thèse d’état J .-M . Blondel (sur les dégénérescences d’équations aux dérivées
partielles) à Lille .
Trois thèses de 3e cycle :
Souleymane Fall : Groupes de transformations des variétés différentiables (Travaux de Kobayashi, Libermann, Palais) .
Jean-Paul Bardet : p-modules et q-capacités .
Alfred Touré : Divers aspects des connexions conformes .
Distinctions
1943 Prix Girbat Barral de l’Institut qu’elle partage avec Raymond Croland (1933 s) . 1946 Chargée de cours de la Fondation Peccot au Collège de France .
1970 Prix de l’Académie Royale de Belgique pour son mémoire « Transformations
conformes et quasi conformes des variétés riemanniennes compactes » résolvant en la généralisant la « conjecture de Lichnerowicz » .
1974 Invitation au Congrès international des mathématiciens pour une confé- rence de 45 minutes à Vancouver .
1974 Prix de la Fondation Servant de l’Institut .
Décorations
Novembre 1954, Officier d’Académie .
Mai 1998, Médaille de la famille française .
Invitations
Diverses invitations en Suisse, Allemagne, Italie, Roumanie, Angleterre, Finlande, États-Unis .
Trésorière de l’Association des anciens Élèves de l’ENS de 1986 à 1999 (première femme élue au Conseil d’administration, après que tous les archicubes sollicités ont refusé la fonction de trésorier) .
Travaux Scientifiques (1941-2000)
On peut trouver la liste de ses publications sur Internet (Mathematical Reviews sur le Web) parues successivement sous les noms : Jacqueline Ferrand, Jacqueline Lelong, Jacqueline Lelong-Ferrand, Jacqueline Ferrand .
Une présentation des travaux scientifiques de Jacqueline Ferrand est parue dans la Gazette des Mathématiciens, organe de la Société Mathématique de France, en 2014 (fascicule 141)1 . Une traduction anglaise de cette présentation est parue dans les Notices de l’American Mathematical Society en février 2018 .
En 2017, la Société Mathématique de France a créé un prix qui récompense une opération pédagogique innovante dans le domaine des mathématiques2 . Elle lui a donné le nom de Jacqueline Ferrand .
Notes
1 . http://smf4.emath.fr/en/Publications/Gazette/2014/141/
2 . http://smf.emath.fr/content/prix-dalembert-et-prix-jacqueline-ferrand-r%...
Notice rédigée à partir des documents déposés par J . FERRAND,
complétée par Pierre PANSU (1977 S)