SUBOTIC Goran - 2010 l

De 2013 à 2016, il est doctorant contractuel chargé d’enseignement à l’université d’Orléans, où il prépare une thèse en littérature française, qu’il soutient en janvier 2018. Sa thèse intitulée « Les souvenirs de la détresse. L’écriture de l’affectivité dans quelques Mémoires français du xviie siècle » interroge l’expression de l’intériorité dans des textes qui, tout en étant écrits à la première personne, prétendent témoigner de la vie publique et des événements historiques. Peut-on dire dans les mémoires ce qui fait mal ? Dans la tradition mémorielle du xviie siècle le discours sur l’émotion fait l’objet d’un double contrôle. D’une part, les interventions éditoriales posthumes purgent les textes des passages qui ne contribuent pas à la vision historiographique que les éditeurs se font du genre des Mémoires ; d’autre part, le contexte socioculturel du Siècle d’or veut que le discours personnel soit en même temps un discours public, soumis à un régime de la modération des émotions et à l’autocensure. Cependant, Goran remarque que l’expression du soi émerge malgré tout dans les textes et dès lors la question qui se pose est de comprendre comment. Il analyse l’expression du désarroi, produit d’une incessante négociation entre le silence et la parole, entre le dicible et l’indicible. C’est donc précisément cette tension, entre ce qui ne peut pas se dire et ce qui ne peut pas se taire, que sa recherche explore.

Les remerciements de sa thèse témoignent de l’importance de l’École dans son parcours universitaire et dans sa vie à Paris. Il inclut Isabelle Pantin (1972 L), sa professeure et tutrice à l’ENS : « Son soutien chaleureux, ses mots d’encouragement et ses sourires m’ont fait sentir bienvenu et moins perdu (que je ne pouvais le sentir parfois) dans un univers qui m’était inconnu. » Il remercie également les membres de l’équipe de la bibliothèque des Lettres d’Ulm, « pour leur disponibilité, aide et accueil toujours chaleureux ».

Après son doctorat, il déménage à New York. Après plus de dix ans pendant lesquels il n’avait plus dansé, il devient danseur professionnel. Il est embauché par le studio Fred Astaire Downtown New York, où il enseigne les danses de salon et les rythmes latins. Il est très apprécié par ses étudiantes et remporte de nombreux prix dans les compétitions auxquelles il participe. Il se rapproche également du milieu de la mode et prend part à la New York Fashion Week 2019, mêlant la danse classique à la technique de passerelle. Il explore aussi les arts du cirque, en particulier les tissus aériens1 qui le fascinent, et il envisage de plus en plus sérieusement une carrière dans le monde de la performance artistique.

Pour nous, Goran était surtout un ami exceptionnel qui a marqué de façon inoubliable nos années à l’ENS et celles qui ont suivi. En 2012, il a organisé pour nous un voyage estival dans une île croate, en inaugurant une tradition qui s’est poursuivie année après année dans plusieurs localités européennes. En partageant le quotidien, les vacances et les grands évènements de nos vies, nous avons construit une grande famille, dans laquelle Goran – avec son sens de l’autre et son rire contagieux  occupait une place centrale.