TOURAY Jean-Claude - 1960 s
TOURAY (Jean-Claude), né le 22 avril 1940 à Belleville-sur-Saône (Rhône), décédé le 16 juin 2013 à Orléans (Loiret). – Promotion de 1960 s.
Jean-Claude a été élève de l’École normale supérieure, promotion 1960 s . Après l’agrégation de Sciences naturelles, option Géologie, il a commencé sa carrière de chercheur au CNRS avant d’être promu professeur de géologie/géochimie à l’université d’Orléans, de 1979 à 2003, enseignant à la faculté des Sciences et à l’ESEM (École supérieure de l’éner- gie et des matériaux) créée officiellement en 1983 . Côté recherche, comme minéralogiste-géochimiste de formation il avait développé l’analyse des inclusions fluides dans les minéraux dont il était un des rares spécialistes français reconnus . Très tôt, à Orléans, il a mis ses compétences au service de l’étude des ressources minérales, souvent en collaboration avec le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) . Loin de se restreindre à l’étude des minerais à l’échelle microscopique, il savait analyser un gisement d’abord à l’échelle de l’affleurement, avec le bon sens du géologue géné- raliste et, ayant compris que la métallogénie est une science multidisciplinaire, il n’hésitait pas à solliciter la collaboration de collègues tectoniciens afin d’intégrer la genèse des gîtes minéraux dans un cadre géodynamique solide . Les dernières années, préoccupé par les thèmes environnementaux, il se consacrait davantage aux ques- tions de dépollution des sols et des sites miniers . Très actif, Jean-Claude a étudié les ressources minérales ou problèmes environnementaux de très nombreux pays, tant en Europe (France, Albanie, Belgique, Espagne, République tchèque, Chypre) qu’au Maroc, Moyen-Orient, Burkina-Faso, Brésil pour ne citer que quelques exemples . Prolifique, il a publié de nombreux articles (plus de 200) et dirigé environ 25 thèses . Il laisse donc une œuvre scientifique importante .
Notre amitié a commencé à l’École puis s’est consolidée et pérennisée lorsque mon épouse, Mireille, a été nommée professeur de biologie-géologie à l’École normale d’institutrices du Bourget où enseignait déjà Odile, l’épouse de Jean- Claude . Il avait le goût des mots, français comme étrangers . Familier de l’anglais et de l’allemand, appris pendant ses études, il avait profité de ses nombreux voyages à l’étranger comme géologue pour apprendre l’espagnol, le portugais et le roumain . Son idéal n’était-il pas de se familiariser avec le maximum de langues pratiquées sur notre continent européen ? Jean-Claude qui avait la fibre écologique, a été, pour un seul mandat, élu conseiller municipal d’opposition à Olivet sa commune, en compagnie de deux autres écologistes . Il connaissait très bien, avec leur nom latin, les plantes sauvages rencontrées dans la nature mais manifestait bien peu d’intérêt pour les herbes folles poussant dans son jardin ou l’entretien de ses espaces verts, au grand désespoir d’Odile . Ramasser les feuilles mortes à l’automne était une corvée nécessaire dont il se serait volontiers passé ; peu intéressé par le bricolage ou le jardi- nage, l’élagage des arbres et la taille des arbustes s’apparentaient à des travaux forcés . Par contre il avait une préférence bien avérée pour les feuilles blanches de son insé- parable carnet sur lesquelles il inscrivait, en tout temps et en tout lieu, quelques réflexions inspirées par le lieu et les événements présents . Alors qu’Odile pratiquait avec talent le piano et la peinture, Jean-Claude avait pour violon d’Ingres l’écriture de nouvelles, publiées pour la plupart dans une revue locale à audience restreinte . Il était très sensible à la musique des mots et à leur signification profonde . J’ai l’agréable souvenir de nombreux repas où, entre la poire et le fromage, il nous faisait partager, avec délectation et beaucoup d’humour, ses plus récentes productions littéraires . Le texte ci-dessous en est un exemple .
Le Renard et les Écolos
Certain Renard radical-socialiste, D’autres disent centriste,
Conseiller général,
Aurait souhaité, pour faire un nouveau tour de piste Aux cantonales,
Un second label national .
Écolo ? Pourquoi pas .
Mais il devait faire un grand pas qu’il ne fit pas : Abandonner ses amitiés cynégétiques .
Ils sont trop Verts, dit-il, parlant des Écolos
Et ne sont pas chasseurs, c’est leur moindre défaut Je préfère associer mon nom
Aux termes « Chasse » et « Tradition » . Turlututu chapeau pointu
À l’élection le sortant fut battu . Moralité : Qui va à la chasse perd sa place .
La longue maladie de son épouse puis sa disparition prématurée, avant qu’il ait pris sa retraite, ainsi que l’éloignement de ses deux fils pour des raisons profession- nelles, l’ont profondément affecté sur le plan psychologique . Jean-Claude a toutefois trouvé, en la personne d’Annie sa compagne, paléontologiste de formation mais aussi peintre, tendresse, apaisement, compréhension et réconfort alors que s’était déclarée une maladie fort invalidante . Elle a été, pour Jean-Claude, son rayon de soleil au cours des dix dernières années de son existence .
Jean-Paul DUPOUY (1962 s) Jacques CHARVET