BOUGAINVILLE Louis-Antoine [de] - 1795
BOUGAINVILLE (Louis-Antoine [de]), né à Paris le 12 novembre 1729, décédé à Paris le 31 août 1811. – Promotion de l’an III (1795).
Le plus âgé des quelque 1 400 élèves à avoir suivi, quatre mois durant, les cours de la première École normale sortie toute armée du cerveau de Garat, méritait un hommage, certes tardif, dont le prétexte fut l’explication de la différence entre nos Annuaires qui le qualifient, à juste titre, d’explorateur et les registres de l’École où est portée, en face de son nom, la mention cultivateur .
Il ne saurait être question de revenir ici sur ses soixante- cinq premières années, où il acquit des titres de gloire impressionnants, ni sur les quinze dernières, où son amitié avec Bonaparte lui assura de confortables revenus . Tout a été dit à ce propos, notamment par Étienne Taillemite, chartiste et spécialiste de la marine française, qui lui consacra son ultime ouvrage paru en 2011 chez Perrin, et plus récemment par le livre bilingue de Dominique Lebrun (Taillandier, 2019) .
Ces deux auteurs ne font toutefois aucune mention du semestre que passa Bougainville à Paris, de frimaire à ventôse de l’an III de la République française, à suivre sur les bancs de l’amphithéâtre du Jardin des plantes les leçons d’illustres savants, dont il était au moins l’égal, à la fois par son incomparable expérience et par ses propres travaux scientifiques .
Il suffira ici de rappeler que Bougainville est le nom d’un hameau de Picardie (canton de Molliens, non loin d’Hangest), qu’il était le cinquième enfant d’un père, Pierre-Yves, notaire anobli en 1741, d’un grand-père huissier au Châtelet, d’un oncle Bougainville de Nerville avocat (lui-même n’étudia jamais le droit) . Par sa mère Marie-Françoise, il était le neveu de Jean-Potentien d’Arboulin, administrateur des Postes et vieil ami de la Pompadour, qui lui légua 240 .000 livres à son décès en 1784 . Son frère aîné Jean-Pierre avait traduit l’Anti-Lucrèce, écrit en latin par le cardinal de Polignac, et lui-même publia en 1754 deux volumes d’un Traité du calcul intégral, pour servir de suite à l’analyse des infiniment-petits... Cette même année, secrétaire d’une ambassade à Londres, il fut reçu à la Royal Society et connut sir George Anson, Premier Lord de l’Amirauté, qui revenait d’une circumnavigation de quatre ans et qui lui décrivit le passage apocalyptique du cap Horn . Bougainville partit alors au Canada, sur La Licorne, devint l’aide de camp de Montcalm, tenta l’impossible pour garder la Belle Province à la mère patrie (il se fit accepter chez les Iroquois qui, selon son Journal, l’appelèrent Garoniatsigo, soit : grand ciel en cour- roux) . Il rentra précipitamment solliciter du secours contre l’Angleterre, mais il fut éconduit ; il assista à la mort de Montcalm aux plaines d’Abraham ; il n’eut plus qu’à négocier la reddition des Français au général Townsend . De retour à Versailles, il vécut en courtisan dissipé (Diderot l’a connu à cette époque et parle d’un amateur de spectacles et de femmes), mais il conçut très vite le projet de donner à la France une autre terre sur le continent américain .
En 1762, aidé de la Pompadour, il avait commencé à coloniser les îles Malouines découvertes en 1698 (c’est d’ailleurs lui qui les baptisa ainsi, en remerciement aux armateurs de Saint-Malo, dont Benjamin Dubois, qui avaient permis son premier voyage, sur les deux navires Aigle et Sphinx ; l’archipel avait été également découvert par un marin anglais du nom de Falk, d’où leur nom d’îles Falkland, en tant que colonie de Sa Gracieuse Majesté) . Il y avait fait deux voyages et installé des colons quand l’ordre vint de les remettre à l’Espagne moyennant 603 .000 livres . Bougainville partit donc de Brest sur La Boudeuse le 5 novembre 1766 et, après une escale à Nantes, il arriva fin janvier à Montevideo .
Il acheva sa mission (de remise des clefs) début avril et il attendit L’Étoile à Rio, pour rentrer avec cette flûte (navire sans canons) via le Pacifique : il fut donc le quinzième navigateur à avoir réussi le tour du monde . C’est ainsi qu’il aborda à Ota-Hiti (Tahiti, nos actuels territoires d’outre-mer de la Polynésie française), où il passa neuf jours au mois d’avril suivant ; il appela ces îles La Nouvelle Cythère et il revint via Batavia et l’île de France, à bord de La Boudeuse qui entra à Saint-Malo le 16 mars 1769 . Dès le 23, Bougainville était à Versailles et il écrivit un livre qui connut un immense succès, fut traduit dans toutes les langues de l’Europe et constamment réimprimé . Diderot lui donna un Supplément, dont le manuscrit resta longtemps à Saint-Pétersbourg . C’est Étienne Taillemite qui en a fourni l’édition définitive (Imprimerie nationale, 1977) . Il paya de ses deniers le voyage de retour dans les îles de cet Aotourou, le « sauvage » qu’il avait ramené de Tahiti et qui fut le point de mire du Tout-Paris ; mais le malheureux exhibé mourut en route et ne revit jamais son paradis polynésien .
Il est nécessaire de recopier quelques lignes de la Préface de ce Voyage autour du monde :
Je suis voyageur et marin, c’est-à-dire un menteur et un imbécile aux yeux de cette classe d’écrivains paresseux et superbes qui, dans les ombres de leur cabinet, philo- sophent à perte de vue sur le monde et ses habitants, et soumettent impérieusement la nature à leur imagination . Procédé bien singulier, bien inconcevable de la part de gens qui, n’ayant rien observé par eux-mêmes, n’écrivent, ne dogmatisent que d’après des observations empruntées de ces mêmes voyageurs auxquels ils refusent la faculté de voir et de penser .
Elle est en premier lieu dirigée contre Jean-Jacques Rousseau (qui se demandait dans le Discours sur l’origine de l’inégalité si les marins sont hommes ou bêtes) . Taillemite juge qu’« il ne fut peut-être pas un grand savant, mais il était sans conteste un bon écrivain ; d’une solide éducation humaniste, il manie fort bien la plume . » Effectivement, il fait remarquer que James Cook et ses compagnons de l’Endeavour passèrent trois mois à Tahiti et rapportèrent en 1769 plus de mille échantillons de plantes, et décrivirent cinq cents poissons et oiseaux, sans compter crustacés et insectes . « L’ère de l’aventure rêveuse s’achève avec Bougainville . Celle des grandes expéditions scientifiques commence avec Cook . » (Jacques Proust dans sa préface à son édition Folio du Voyage, 1982)
Il avait épousé Flore-Josèphe de Longchamp-Montendre à Brest, le 25 janvier 1781 . C’était la fille d’un lieutenant tué aux Antilles en 1760 ; la famille comptait des alliances avec plusieurs amiraux et Honorat de Baraudin, gouverneur de Loches et cousin du Baraudin grand-père d’Alfred de Vigny, né à Loches . Elle lui donna quatre fils dont l’aîné reçut les prénoms de Hyacinthe et Potentien, en souvenir des deux oncles, paternel et maternel . Il fut un des premiers polytechniciens . Le dernier, Adolphe, était page impérial lors du décès de son père .
Bougainville traversa encore une fois l’Atlantique pour porter secours aux treize colonies révoltées contre la Couronne britannique . Il connut l’échec lors de la bataille navale au large des Saintes, où il ne put secourir à temps l’amiral de Grasse . Il en fut rendu responsable et dut passer devant un Conseil qui l’acquitta ; sa carrière navale en resta là, avec le grade de vice-amiral . Mais il demeure un compagnon de La Fayette, dans l’imagerie américaine, même s’il n’était pas aux côtés de George Washington .
Puis il dirigea le port de Brest et en 1790, il mesura l’incurie du nouveau pouvoir lors d’une grève des marins . Il démissionna et revint à Paris, où Louis XVI voulut le nommer ministre de la Marine, mais il refusa, jugeant la tâche impossible . Cette proximité avec le pouvoir royal le rendit suspect et lors de l’invasion des Tuileries le 10 août, où il évita le massacre à quelques gardes suisses, il était notoirement présent près du monarque en voie de déchéance . La famille possédait des biens en Normandie, à Anneville-sur-Mer, près de Coutances (terres de la Becquetière) et c’est là qu’il se réfugia, mais la police des révolutionnaires retrouva sa trace ; il fut emprisonné à la prison de Coutances (mais il put communiquer avec les siens, par des lettres que son fils cachait dans les semelles de ses souliers) et quand l’orage se rapprocha, il put mettre à l’abri son épouse et ses enfants chez l’armateur malouin Dubois1 . Il fut sauvé par le 9 thermidor, car l’ordre était venu de le transférer à Paris, aux bons soins de Fouquier-Tinville . L’automne suivant, il fut nommé par le district, pour être, avec quatre autres, élève de la nouvelle École normale . Les travaux de Paul Dupuy (1876 l) pour le Livre du Centenaire ont été récemment complétés par les ouvrages de Dominique Julia (1960 l) sur L’École normale de l’an III2, et en voici le résumé .
La Convention avait retenu le principe que chacun des districts des 83 départe- ments nouvellement créés (à l’exception de Paris dont le cas était réservé) enverrait un élève pour 20 000 habitants à la nouvelle École, et que les autorités locales choi- siraient elles-mêmes les candidats . Cela donna lieu à des échanges, dès messidor, entre les districts et la Convention pour des précisions : l’âge (au-dessus de 23 ans) et surtout la moralité (épurée, selon les termes de l’époque) furent les critères de sélection au même titre que les connaissances, puisque l’on vit arriver des citoyens sachant à peine lire et compter . Il y eut un cinquième d’anciens prêtres enseignants des maisons religieuses fermées . Les dossiers du département de la Manche ont été détruits lors des bombardements de juillet 1944 mais William Marie-Cardine avait publié en 1897 L’Enseignement dans la Manche sous la Révolution et a utilisé les dossiers des cinq districts . Inspecteur local, il a pu lire et transcrire ces dossiers . Ils contenaient à Coutances la candidature de 22 citoyens, classés alphabétique- ment ; il fallait en choisir cinq, car la population dépassait alors 100 000 habitants . Le président du district (arrondissement) s’entoura d’un directoire de personnalités locales et étudia le 19 frimaire les dossiers, par ordre alphabétique . Il écarta ainsi la candidature du médecin Bonté (trop âgé, et qui sera plus utile en restant sur place) et le comité fut unanime à approuver la candidature du citoyen Bougainville, cultivateur à Anneville : « chacun est sûr de son patriotisme, de sa moralité, de ses connaissances de tout genre et de l’utilité dont il sera aux instituteurs répandus sur nos côtes » . Le président le proclama élu, ainsi que Dufour, officier municipal à Gratot, Le Bastard le jeune, cultivateur à Nicorps, et Le Boucher, cultivateur à Bourey . Arrivé à Mauviel, maître de mathématiques à Coutances, qui rallia les suffrages pour sa moralité, ses connaissances et son patriotisme, le président constata que cinq noms étaient choisis et il arrêta la séance . « L’agent national entendu, la Commission a déclaré que l’appel des autres sujets portés sur la liste devenait inutile et qu’ils étaient exclus par la préférence qu’elle venait de donner aux sujets élus . » Un exprès fut envoyé à ces cinq élus qui acceptèrent par retour sauf un, le sieur Le Boucher, qui après neuf mois de détention souffrait du pied gauche et ne pouvait entreprendre un si long voyage . Le comité ouvrit donc un second concours et Martin Martinière (ci-devant prêtre, de Gavray), obtint la majorité des voix et fut élu ; le 23 frimaire il donna son accord . Les autres candidats (Pacquet, Pautier ex-professeur à Lisieux, Pouret, Quesnel et Robine) étaient donc éliminés, à cause de leur patronyme proche de la fin de l’alphabet . Aucun ne déposa plainte, dans une région pourtant procédurière... Les élus partirent à Paris, défrayés sur le modèle du concours de Centrale, pour suivre les cours de la nouvelle institution . Leur mission allait être de transmettre localement les lumières reçues par ces conférences qui, rappelons-le, étaient imprimées à mesure . Mais ni Bougainville ni Dufour ne remplirent cette seconde partie de leur rôle .
En thermidor an III (1795) Bougainville est nommé au Bureau des longitudes nouvellement créé (avec Cassini, Delambre, Borda) ; et, fin frimaire, à l’Institut national des sciences et des arts, section de mathématiques et philosophie (il y côtoya Volney et Bernardin de Saint-Pierre dont il avait pu écouter quelques conférences à l’École au printemps précédent) . Il refusa – une fois de plus – le ministère de la Marine, mais il prépara activement l’expédition d’Égypte : c’est ainsi que Talleyrand lui fit connaître le jeune, prometteur et déjà (trop ?) glorieux général Bonaparte, dont il comprit les possibilités . Le 26 juillet 1799, il présentait une communication à l’Institut sur les sauvages de l’Amérique septentrionale, sujet qu’il connaissait de première main, où il concluait sur la « honte ineffaçable pour les colonisateurs qui se sont plus attachés à détruire qu’à civiliser les habitants du Nouveau Monde » . Entre-temps il avait balayé les tentatives de Fulton de construire un Nautilus, navire sous-marin, dont il n’avait pas perçu les possibilités .
Il applaudit au 18 brumaire qui chassa le Directoire et il donna le signal du rallie- ment au nouveau maître . Il en fut immédiatement récompensé par une sénatorerie dès le 25 décembre 1799, dans la première fournée . Il avait acquis grâce à l’héritage de l’oncle Potentien le château de Suisnes à Grizy, près de Brie-Comte-Robert . En été 1801, après le décès de son second fils Amand (noyé dans la rivière de l’Yerres), il revendit le domaine pour s’installer à Paris et acquit une maison à Nogent-sur- Marne . Son fils aîné Louis-Hyacinthe intégra l’École polytechnique dès 1798 et il surveilla attentivement sa carrière : il le fit embarquer sur Le Géographe en novembre 1800 pour une mission préparée par Laplace et Jussieu vers la Nouvelle-Hollande, sur les côtes australiennes, tout près de la Grande Barrière de corail dont un récif porte désormais son nom .
On peut trouver un témoignage sur sa personne dans Un hiver à Paris sous le Consulat, souvenirs de Johann Friedrich Reichardt, publiés en français en 2003 . L’auteur rencontra Bougainville chez l’astronome Lalande et fut frappé par un « beau vieillard, aimable, ouvert, ayant du franc-parler, bien conservé – si ce n’est qu’il a le chef branlant » .
Dès la proclamation de l’Empire il fut promu Grand officier de la Légion d’hon- neur ; il en fut le premier décoré, par Napoléon lui-même, aux Invalides, trois jours après le sacre .
Flore de Bougainville décéda le 7 août 1806, à 45 ans . Son inventaire après décès, réalisé par maître Noël, le 5 septembre3, témoigne d’un superbe train de vie et d’une bibliothèque de 2 156 volumes . Bougainville le signa en tremblant, signe de l’altération de sa santé certainement due au scorbut4 . Il continua d’accumuler les honneurs : il présida la classe de l’Institut, l’année suivante, il devint comte de l’Empire, dès le mois d’août 1808 ; et en octobre 1809 il présida le conseil chargé de juger le contre- amiral Dumanoir, le plus haut gradé lors du désastre de Trafalgar depuis le suicide de l’amiral Villeneuve . Cette accusation, de ne pas avoir porté secours à son chef aux prises avec le gros de l’escadre ennemie, était énoncée dans les mêmes termes qui avaient atteint Bougainville lors de la bataille navale des Saintes... Dumanoir bénéficia d’un non-lieu .
La dégradation de son état de santé est encore perceptible par son écriture trem- blante quand il sollicite pour son aîné auprès du ministre Decrès le passage au grade de capitaine de frégate . Cette lettre est datée de juillet 1811 . Bougainville mourut le 31 août, passage des Petits-Pères près de la place des Victoires, les obsèques eurent lieu à Sainte-Geneviève et il fut inhumé au Panthéon . Mais son cœur a été placé dans le monument funéraire qu’il avait fait ériger pour Flore et Amand, dans ce si particulier cimetière du Calvaire, sur la butte Montmartre, qui renferme la plupart des tombes des compagnons de La Fayette (et aussi celle de l’abbé Bernier, qui de chef de la chouannerie devint négociateur du Concordat), et qui n’est accessible au public que le jour de la Toussaint... s’il n’y a pas de vent . C’est Lacépède qui prononça l’oraison funèbre de Bougainville : « Aujourd’hui commencent pour lui les hommages de la postérité ; les couronnes rostrales, les palmes du Sénat, l’olivier de l’Institut, les lauriers de l’honneur qui couvrent sa tête octogénaire n’ont pu le garantir des faux de la mort . » L’inventaire après décès conservé dans le minutier de l’étude Noël compte cent pages ; on y apprend la présence d’un piano en acajou avec quatre pédales, ou de la berline à six places, prisée 815 francs, qui le conduisait à sa maison de campagne de Nogent-sur-Marne .
L’absence de la mention de l’École normale dans ses biographies pourtant très autorisées ne peut être considérée comme une négligence . La cause en est certai- nement la mise en doute, en 1933, par Émile Vivier, professeur d’histoire au lycée de Coutances et érudit local, de l’identité du citoyen Bougainville Louis Antoine, choisi en brumaire an III par son district pour suivre avec quatre autres les mois de cours à Paris . Vivier croyait qu’il s’agissait d’un parent, mais cette affirmation ne repose sur aucune homonymie et il ne peut évidemment être question d’un des quatre enfants alors mineurs . Il convient de remercier chaleureusement madame Véronique Goulle, du service des archives municipales de Coutances, qui par ses patientes recherches a démontré l’inanité des supputations d’Émile Vivier, pourtant bien ancrées dans la mémoire locale . Ajoutons que celui-ci n’avait pas connaissance d’une réunion des élèves restant à Paris en germinal, pour solliciter un complément à leur indemnité ; le procès-verbal en est conservé aux Archives nationales ; il est signé par le président, leur doyen d’âge : il s’appelait Bougainville et la signature est lisible . Le doute n’est pas permis : Bougainville a fait le tour du monde, donné son nom à plusieurs îles, à des plantes, pas seulement le bougainvillier, et il est le doyen de la première promotion de l’École .
Patrice Cauderlier (1965 l)
Notes
-
1 . Une anecdote montre que Flore de Bougainville avait dû revêtir des habits masculins pour cette traversée et que l’un des marins s’étant aperçu du subterfuge, elle le gifla si fort qu’il n’osa pas la dénoncer . C’est exactement l’inverse du serviteur du médecin embarqué sur la flûte L’Étoile, qui avait passé plus de deux ans à bord, sans que ses compagnons découvrent que c’était une femme sous des habits masculins... ce dont s’aperçurent les Tahitiens dès le débarquement .
-
2 . Voir notamment D . Julia (dir .), Une institution révolutionnaire et ses élèves. Introduction historique, Paris, Rue d’Ulm, 2016, 656 p .
-
3 . On retrouve dans cet acte Michel Dufour (parfois écrit Dufouc) déjà cité de la même promotion . Michel Aimé Dufour de Maisoncelles (né le 20 octobre 1749 à Caen) était le fils de Bernardin Pierre de Chanteloup de Maisoncelles, avocat au baillage . Il était égale- ment patron de l’hôpital de Mortain . Son épouse se nommait Jeanne Lepage . Michel, avocat au Parlement du Roi, se maria avec Bonne Mortier à Coutances le 2 juillet 1776 ; en 1790 il devint procureur auprès du district de Coutances ; en disgrâce, il fut officier muni- cipal à Gratot . Il avait été un des rédacteurs des cahier de doléances comme Le Bastard ; il fut chargé d’un rapport sur l’aliénation des domaines nationaux dans le nouveau départe- ment, l’administration, l’agriculture et les établissements nécessaires aux campagnes . C’est à Gratot qu’il reçut l’exprès messager lui annonçant qu’il était retenu pour partir à Paris . Il accompagna donc Bougainville ; et son nom se retrouve dans l’inventaire de maître Noël après le décès de Flore de Bougainville, décrit comme « ex-législateur, demeurant à Paris numéro premier du boulevard du Temple, connu pour avoir des relations habituelles d’amitié avec monsieur de Bougainville » ; il était présent à l’acte, à défaut de parents de la ligne paternelle de la défunte . Cela prouve que quand Bougainville avait été nommé sénateur, Dufour l’avait été du Corps législatif, et c’est donc un des tout premiers sinon le tout premier témoignage de l’amitié et de la solidarité entre anciens normaliens .
-
4 . Un navigateur partant de Nantes n’avait pas l’occasion d’embarquer une cargaison de citrons, dont l’efficacité contre le scorbut était pourtant déjà reconnue .