MOTTAL Jacques - 1953 s
MOTTAL (Jacques), né le 18 août 1931 à Paris, décédé le 10 juin 2022 à Villejuif (Val-de-Marne). – Promotion de 1953 s.
Jacques Mottal est né de parents immigrés de Turquie, quatrième d’une famille de six enfants . En 1944, alors qu’il avait 13 ans et était en colonie de vacances en Normandie, sa famille quitta Paris précipitamment pour aller se réfugier en Lozère, au Malzieu-Ville, afin d’échapper aux persé- cutions nazies . L’été du jeune adolescent fut écourté et il rejoignit ses parents au Malzieu, traversant les dangers d’un pays occupé . Sa famille ne dut alors sa survie qu’à la bien- veillance des habitants du village, et Jacques restera marqué par cet épisode de son enfance . C’est dans cette adversité qu’il obtint le certificat d’études primaires en 1945 .
Revenu à Paris à l’automne de la même année, il ne retrouva pas ses anciens amis . Il fut admis directement en cinquième dans un collège d’enseignement général . Son excellent niveau lui permit d’être exempté également de l’année de seconde . Mais cela produisit chaque fois une coupure avec ses camarades, qu’il était compliqué de gérer . Admis en taupe au lycée Saint-Louis, il intégra l’ENS en 1953 .
Jacques se distinguait de ses camarades de taupe et de l’ENS par ses origines modestes, étant le seul de ses frères et sœurs à poursuivre des études au-delà de 16 ans . Il noua de solides amitiés avec des normaliens aujourd’hui hélas disparus . Dès la première année il se sentit attiré par les maths et le besoin de transmettre ses connaissances . Il fut reçu à l’agrégation en 1956 .
Les normaliens devaient alors suivre obligatoirement une formation militaire qui avait lieu un jour par semaine à Vincennes ainsi que dans des stages d’une semaine, puis deux, puis trois, pendant les vacances d’été . À l’automne 1957 commença pour lui le service militaire, qui dura vingt-huit mois en raison de la guerre d’Algérie, où il fut envoyé .
De retour, il fut nommé professeur d’ENSI (maths sup) à Clermont-Ferrand . Ensuite, pendant vingt-cinq ans, il fut professeur de classes préparatoires à Paris, au lycée Louis-le-Grand puis au lycée Henri-IV .
À la retraite, il n’eut de cesse de s’investir par le biais d’associations dans la remise à niveau d’enfants défavorisés, tout spécialement dans l’enseignement primaire .
Passionné de bridge, il aimait réfléchir et résoudre des problèmes de logique, avec un esprit aussi vif et piquant que son sens de l’humour .
Cette vie toujours tournée vers autrui laisse, après soixante-deux ans de mariage, un énorme vide pour sa femme, ses enfants et petits-enfants, mais aussi beaucoup de souvenirs heureux . Sa réussite ne lui avait pas tourné la tête . Resté discret et réservé, il a été présent tout au long de sa vie pour sa grande famille, qu’il a protégée et aimée plus que tout .
Solange MOTTAL, son épouse