BABILLOT Michèle (épouse BRESSOLETTE) - 1958 S

BABILLOT (Michèle), épouse BRESSOLETTE, née le 23 avril 1938 à Lille (Nord), décédée le 20 mai 2019 à Rouffiac-Tolosan (Haute-Garonne). – Promotion de 1958 S.


Michèle Bressolette, entrée à l’ENS Sèvres en juillet 1958, agrégée de physique en juillet 1962, a eu une carrière d’en- seignante . L’un des aspects remarquables de sa carrière est qu’elle n’a exercé que dans un seul et unique poste, au lycée Raymond Naves à Toulouse . Bien que moins presti- gieux que d’autres, ce lycée bénéficiait d’enseignants très investis . Les parents de la banlieue de Toulouse, soucieux de l’avenir scolaire de leurs enfants, se réjouissaient de les voir étudier dans ce lycée, sachant qu’ils y trouveraient de très bons professeurs . La réputation de la terminale scientifique dans laquelle officiait madame Bressolette, attirait de futurs élèves de classes préparatoires .

Chaque année, la veille des résultats du baccalauréat, elle invitait sa classe de terminale et ses collègues autour d’un feu dans son jardin : la veillée se prolongeait en danses devenues un rituel attendu de ses élèves... et enfants . Malgré ses titres et sa formation permanente auprès de l’Union des physiciens dont elle suivait les colloques, elle partageait ses connaissances dans la convivialité . Elle a été une pion- nière dans l’utilisation de l’informatique comme outil pédagogique dès les années 1970 . Elle présentait les élèves au Concours général, aux Olympiades de chimie et donnait son temps sans compter, malgré sa charge de mère de quatre enfants, aux élèves les plus démunis chez lesquels elle sentait un réel potentiel . Tout en admi- rant Einstein et sa fameuse formule « Dieu ne joue pas aux dés », elle s’ouvrait aux questions posées par la physique contemporaine et même à ses remises en cause, passionnée qu’elle était par l’histoire des sciences et par sa vulgarisation auprès des plus jeunes . Elle fut même invitée dans plusieurs lycées, jusqu’en Normandie et à Montpellier, dans un cadre interdisciplinaire où se croisaient les mathématiques, l’histoire, voire les lettres et la philosophie pour présenter la pensée de Descartes, de Pascal ou l’histoire du passage à différents systèmes de perception du monde .

Ses échanges avec des collègues de ces disciplines ont « modernisé » la manière d’éveiller l’intérêt pour les sciences . Michèle Bressolette a même contribué, par plusieurs rencontres, au montage d’une version intégrale du Galileo Galilei de Bertold Brecht par un atelier de théâtre de lycée . En dépit de sa vie professionnelle très remplie et de ses charges familiales, elle apportait son aide à des familles de réfugiés ivoiriens, portugais et roumains . Elle a ainsi recueilli trois jeunes rwandais qui fuyaient le génocide, a fondé une association pour assurer leurs études et les a hébergés, durant leurs années de collège et de lycée, chez elle, dans la maison que ses propres enfants devenus grands avaient quittée . Sa générosité et la passion qu’elle mettait dans toutes ses activités estompaient les frontières entre vie professionnelle, vie sociale et vie familiale : sa véritable motivation était que chacun « s’élève à ses propres yeux » .

Claude BLANCHARD (1960 S) au nom de toute sa famille,
en particulier des quatre enfants Bressolette .