BERGER Marcel - 1948 s
BERGER (Marcel), né le 14 avril 1927 à Clamart (Seine), décédé le 15 octobre 2016 à Paris. – Promotion de 1948 s.
Aîné d’une fratrie de quatre garçons, il grandit auprès de ses parents qui ont créé une maison d’édition, « l’Oli- vier » ; celle-ci conçoit des images pédagogiques et des bons points qui sont distribués dans un grand nombre d’écoles en France. C’est dans cet environnement qu’il développe son goût pour les livres, le papier, son odeur, son toucher ; et l’on retrouve cette exigence pour la parution de ses livres.
Marcel fait preuve d’originalité dès son plus jeune âge. Fort d’une certaine assurance, c’est un collégien qui répond à ses professeurs, ce qui lui vaut plusieurs renvois d’établissements. Son amour pour le sport commence quand il est un jeune universitaire, avec des compétitions de ping- pong. Grâce à ses séjours américains, il est conforté dans sa certitude que l’activité sportive est une donnée essentielle pour une vie intellectuelle équilibrée. Sa curiosité lui fait découvrir et pratiquer à haut niveau de nombreux sports allant de la course à pied à la natation en passant par le ski, le tennis, le vélo, avec la particularité de se passer de cours pour progresser grâce aux livres. Sa ténacité lui fait surmonter les nombreux challenges qu’il se fixe.
Sa rencontre avec Odile, qui reste à ses côtés toute sa vie (65 ans de mariage), est un coup de foudre. Après son mariage, ses trois enfants lui permettent de développer certaines idées sur l’éducation, comme l’accompagnement personnel de chacun, avec la conviction que l’on ne freine pas une passion... même si c’est celle de sa fille de quatre ans qui veut être chirurgienne !
Cette approche qui consiste à « croire en l’enfant », au jeune qui grandit, l’amène à fournir à ses enfants et à sa famille les aides et le matériel nécessaires pour tendre vers les objectifs rêvés ou désirés. Avec toujours du papier et un crayon en poche, son œuvre témoigne de sa passion pour l’écriture.
Il rentre à l’École normale supérieure en 1948 et achève une thèse de géométrie sur les groupes d’holonomies des variétés riemanniennes et des variétés affines sans torsion en 1954, sous la direction d’André Lichnerowicz (1933 s).
Chez Marcel, la transversalité est constante ; ainsi dans les discussions au cours de repas, les invités le prennent pour un être original, très particulier et déroutant car en quelques minutes, il théorise sur le geste technique du bras dans la nage du crawl, un roman de Musil et les articles de Science et Vie sur le cerveau.
Sa carrière le conduit à faire de nombreux voyages, sources d’un grand enrichis- sement, d’ouverture d’esprit et de tolérance. Il fait preuve d’un grand éclectisme, à la fois dans l’amitié et la culture.
C’est sa découverte sur la détermination des variétés riemanniennes complètes de dimension paire à courbure 1/4-pincée, en 1960, qui entretient ses projets de recherche. Il prolonge ce foisonnement d’idées par la création d’un séminaire dit Arthur Besse en 1975 avec ses élèves – dont J.-P. Bourguignon, J. Lafontaine (1962 s), L. Bérard Bergery (1965 s), J.-L. Kazan, P. Gauduchon, R. Michel, J.-L. Besson, D. Meyer, P. Bérard (1970 s), Y. Colin de Verdière (1964 s). Beaucoup de publica- tions ont accompagné ce séminaire.
À tous ses postes, en tant que maître de conférences et maître de recherche (Strasbourg, Boston, Nice, Berkeley), on y ajoutera sa passion pour le Japon : il y effectue de nombreux séjours à partir de 1970 où il se lie d’amitié avec le professeur Il a contribué à faire connaître les travaux de Mikhaïl Gromov.
Marcel reste avant tout un excellent « vulgarisateur pour la géométrie » avec la publication d’un grand nombre de livres d’enseignement, le plus important étant A Panoramic View of Riemannian Geometry.
Marcel reste pour sa famille et notamment ses onze petits-enfants, un exemple d’une belle harmonie entre le corps et l’esprit, fondée sur des valeurs humanistes.
Isabelle BERGER WAGON, sa fille.