MAGNAN Christian - 1960 s
MAGNAN (Christian), né le 1er mai 1942 à Marseille (Bouches-du-Rhône), décédé le 15 mai 2018 à Montpellier (Hérault). – Promotion de 1960 s.
Ses parents étaient tous les deux professeurs de lettres françaises et de langues anciennes (latin et grec) ; sa mère était agrégée de l’université. C’était une grande famille : Christian était le second garçon de la fratrie, quatre sœurs l’ont suivi. L’amour des relations familiales l’a conduit à fonder lui- même une grande famille. Avec sa première épouse, Martine Godefroi, il a eu quatre enfants : Bruno, François, Benoît, Hélène. Avec sa seconde épouse, Brigitte Schermesser, il a eu
Lucile, Élise et Grégoire. Brigitte et Christian ont neuf petits-enfants dont les âges s’échelonnent entre dix-sept ans et deux ans. Je cite Brigitte : « La famille a toujours été pour lui source de joie, et aussi une terrible souffrance au décès de Bruno – son fils aîné mort en montagne, au Mont-Blanc – alors que nous venions de nous installer dans la région. » Christian a effectué ses études secondaires au lycée Saint-Charles de Marseille. C’est là qu’il a obtenu en 1957 ses deux baccalauréats. Il fait mathé- matiques spéciales au lycée Thiers, toujours à Marseille. Reçu brillamment à l’École normale supérieure et à Polytechnique en 1960, il choisit l’École. Après l’agrégation de physique en 1964, il entre au CNRS, tout en enseignant à temps partiel chez les pères jésuites au lycée Sainte-Geneviève de Versailles. Après avoir suivi à l’IAP (American Institute of Physics) les cours d’Évry Schatzman (1939 s) et de Charlotte Wimel (1942 S), il soutient sa thèse en 1973. Six ans plus tard, en 1979, il devient sous-directeur de laboratoire (chaire d’astrophysique théorique) au Collège de France. Il y fut toujours pour moi un chaleureux collègue, efficace et souriant.
En 1991, Christian rejoint, à l’université de Montpellier, le Groupe de recherches en astronomie et astrophysique du Languedoc (le GRAAL).
Il prend sa retraite en septembre 2009.
Depuis, il a donné plusieurs conférences notamment la dernière à Angers en mars 2018. Il intervenait régulièrement à l’observatoire d’Aniane (observatoire privé, fondé jadis par l’astronome amateur Pierre Bourge dont il appréciait l’orientation très ouverte).
Christian a publié plusieurs ouvrages de réflexion sur les progrès de la science. Citons La Nature sans foi ni loi et Newton croqua la pomme. Mais il se battit aussi contre les prétentions injustifiées de la cosmologie moderne : La science pervertie, Le théorème du jardin. Il avait voué aux gémonies les idées même de matière noire et d’énergie obscure, des « idées aussi noires et obscures que les milieux qu’elles prétendent décrire ». Ses remarques (que pour ma part j’estime fondées) ont été violemment critiquées par des collègues, des collègues pourtant très proches. Christian en a été vivement affecté, ulcéré même et il a exprimé sa peine à plusieurs reprises.
Ses contributions personnelles sont également très importantes. Pour traiter les problèmes de transfert du rayonnement dans les atmosphères stellaires, il avait une façon tout à fait systématique et efficace d’utiliser, la méthode probabiliste dite de Monte-Carlo, qui évalue, à chaque pas si l’on peut dire, la probabilité que les photons se dirigent dans telle ou telle direction. Je résume sans doute assez mal cette belle théorie. Qu’il me suffise de dire ici que cette méthode est extrêmement performante, qu’elle permet notamment de traiter les étoiles de géométrie complexe, avec des jets, des fissures etc. Dans ce domaine, les travaux de Christian Magnan font autorité.
C’est un AVC qui lui a été fatal, le 22 avril 2018. Il est décédé le 15 mai 2018.
Christian Magnan était un esprit perspicace mais frondeur, un homme d’un grand charme et d’une grande sincérité, au caractère ouvert et chaleureux. Il est parti trop tôt. Tous ses collègues partagent la peine de sa famille et de ses amis.
Bibliographie
La nature sans foi ni loi, Paris, Belfond/Sciences, 1988, 2e éd. l’Harmattan, 2005, Et Newton croqua la pomme, Paris, Belfond/Sciences 1990,
La science pervertie, Paris, l’Harmattan, 2005,
Le théorème du jardin, Prades-le-Lez, Amds édition, 2011,
Le théorème du jardin, 2e éd. revue et augmentée, Prades-le-Lez, Amds-édition, 2014.
Jean-Claude Pecker1 (1942 s) qui remercie vivement Brigitte Magnan et Avram Hayli, pour leur aide précieuse à la rédaction de cette notice.
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La Nature sans foi ni loi. J’ai lu cet ouvrage l’année de sa parution, en 1988. J’aimerais porter hommage à la sage perspicacité de Christian Magnan en le citant, en cette année 2020, alors que théorie quantique et théorie de la relativité générale sont tour à tour remises en question.
« Une théorie établie ne peut pas être démolie sur la simple foi d’une observation contradictoire.../... Ce qui me frappe le plus dans le développement de la science au cours des âges, c’est qu’elle ne se soit jamais trompée... Que telle doctrine scien- tifique se soit révélée partiellement inadaptée, oui –comme est toujours inachevée, toujours imparfaite, toute théorie – mais qu’elle se soit montrée fausse, jamais.
« C’est ainsi que la théorie classique de la gravitation, celle de Newton, n’est pas fausse, et ne le sera jamais. Elle n’a pas été remplacée [...] mais incluse dans une théorie plus puissante, celle d’Einstein [...] Ainsi pouvons-nous affirmer – sans crainte de nous tromper – que la prochaine théorie scientifique à naître devra néces- sairement engendrer et la théorie de la relativité générale et la théorie quantique, sans qu’il soit pour autant nécessaire de démolir ces dernières à coups d’arguments de “falsification”. »
Pascale MENTRÉ (1957 S, lectrice)
1. Jean-Claude Pecker est décédé le 20 février 2020, cf. ici page 87.