BANDET Pierre - 1951 l

BANDET (Pierre), né le 23 juin 1929 à Carcassonne (Aude), décédé le 14 novembre 2018 à Montolieu (Aude). – Promotion de 1951 l.


Notre camarade avait quitté, lors de sa retraite, la région parisienne pour sa terre natale, et avait perdu ses proches amis de la rue d’Ulm. Son épouse nous a communiqué son curriculum vitae, précieux pour reconstituer son parcours et son œuvre : nous l’assu- rons, elle, ses quatre enfants et ses petits-enfants, de notre gratitude.

Pierre Bandet est venu préparer l’École à l’internat du lycée Henri-IV . Il fut reçu deuxième au concours de 1951, promotion qui compte entre autres Paul Veyne, Xavier Mignot, Jean-Pierre Callu, et en sciences le cacique Pierre-Gilles de Gennes . En 1954, après son agrégation de lettres classiques, il partit pour le service militaire, comme enseignant au Prytanée de La Flèche (Sarthe) . Il y fit la connaissance de Joël Le Theule (ils ne furent collègues qu’un seul trimestre) mais il s’établit entre eux une complicité, devenue vite une amitié . C’est sur ses conseils que Pierre Bandet prépara le concours de l’École Nationale d’Administration et fut reçu deux promotions après le futur ministre et maire de Sablé-sur-Sarthe . Celui-ci, lors de leurs adieux au Prytanée, promit à son camarade d’en faire son chef de cabinet lorsqu’il serait devenu ministre : il tint parole .

Dès sa sortie de la rue Saint-Guillaume, Pierre Bandet devint auditeur au Conseil d’État où il effectua toute sa carrière . Il fut très vite chargé de mission (en 1963 au ministère de la Coopération, en 1965 à l’Intérieur) : en 1967 il fut le conseiller tech- nique de ce ministère pour la réforme des statuts de la Police . Cette année-là il devint maître des requêtes au Conseil d’État et fut détaché auprès du Quai d’Orsay pour une mission auprès du gouvernement du Chili, qui souhaitait améliorer le statut de sa fonction publique . Un appel téléphonique lui parvint à Santiago, juste après la naissance de son premier enfant : Joël Le Theule devenu secrétaire d’État à l’Infor- mation l’appelait pour diriger son cabinet .

Puis de 1970 à 1975 ce fut le Maroc, au titre de conseiller juridique et social près l’ambassade . Joël Le Theule, ayant pris le portefeuille de la fonction publique dans le premier cabinet Barre, le fit revenir près de lui pour diriger son cabinet .

Conseiller d’État depuis 1985, il accumula les responsabilités en présidant d’innombrables jurys de recrutements de la haute fonction publique, le Comité interministériel relatif au statut des administrateurs civils (1983), le Conseil admi- nistratif supérieur de la Ville et du département de Paris (1993-94) et ensuite la section administrative de la Commission centrale des marchés . Il fut enfin, de 1982 à 1998, le conseiller juridique d’Aéroports de Paris .

Parallèlement à ces responsabilités, il dirigea des cycles d’enseignement et de formation à l’École Nationale d’Administration, ainsi qu’à l’Institut international d’administration publique et à la Section des finances du Conseil d’État . Il se spécia- lisa dans l’étude et la mise au point des textes relatifs à la fonction publique . Il a animé des séminaires de formation en matière d’administration publique pour la responsabilité des fonctionnaires et leur recrutement .

De très nombreuses missions lui furent confiées pour mettre ses compétences en matière de fonction et d’administration publique, autant en Afrique (francophone et anglophone), en Irak, au Vénézuela, au Mexique, au Viêt Nam et en Allemagne (fédérale) . Son ultime voyage à ce titre fut le Cambodge, en octobre 1996 : la date suffit à indiquer l’ampleur des problèmes posés alors .

Plusieurs de ces voyages ont donné lieu à des rapports (1985 : la Guinée, de l’après Sékou Touré ; 1988 : le Cameroun ; 1990 puis 1992 : la Mauritanie ; 1991 : la Fédération des Comores ; 1992 : le Viêt Nam) . D’autres rapports « hexagonaux » ont concerné les personnels des Chambres de commerce et d’industrie, mais c’est surtout par ses ouvrages, publiés par la Documentation française puis par Berger-Levrault, que son nom était, et reste, connu par tous les agents de l’État . Citons :

  • –  Le droit disciplinaire dans la fonction publique territoriale (1990)

  • –  La jurisprudence des concours administratifs (1992)

  • –  Les problèmes du retour des fonctionnaires internationaux (1992)

  • –  Les obligations des fonctionnaires des trois fonctions publiques (1996)

  • –  L’action disciplinaire dans les trois fonctions publiques (1997, réédité en 1998)

  • –  La fonction publique de A à Z : dictionnaire commenté (1998)

  • –  Les concours et examens administratifs : règles de droit applicables (1999) .

    Ces ouvrages furent, deux décennies durant, la base de tout le statut des fonctions publiques . C’est dire l’importance de son œuvre de haut fonctionnaire et la qualité des services rendus . Il n’est donc pas étonnant qu’il ait été nommé officier de la Légion d’honneur, de l’ordre national du Mérite, et aussi des Palmes académiques, car il resta toujours fidèle à l’École de ses débuts et aux amitiés qu’il y avait nouées .

    Son épouse souhaite insister sur son départ en très grande paix, après cinquante années de bonheur partagé .