DAO Simone ( épouse PUISEUX) - 1949 S.

DAO (Simone), épouse PUISEUX, née le 5 septembre 1930 à Paris, décédée le 31 juillet 2018 à Albi (Tarn). – Promotion de 1949 S.


Aînée de trois sœurs, Simone voit le jour dans une famille, d’origine limousine du côté maternel et vietnamienne du côté paternel . Ses parents doivent rapidement faire face aux problèmes économiques et sociétaux des années 1930 . Ainsi sa mère interrompt ses études de pharmacie pour devenir institutrice, ce qui permet à son père de poursuivre ses études et d’obtenir un diplôme d’ingénieur Supélec, mais avec ensuite, de grandes difficultés pour trouver un emploi à son niveau de compétence .

C’est donc très jeune que Simone prend conscience qu’il faut lutter pour atteindre ses objectifs et exprime rapidement son ambition : mieux réussir que les garçons et devenir enseignante . Aussi, après des études brillantes au lycée Fénelon, réussit-elle en 1949 un des rares concours de haut niveau qui soit mixte : elle intègre l’École normale supérieure à 19 ans .

Sa carrière universitaire traverse alors la période enthousiasmante des trente Glorieuses mais difficile pour les femmes, encore peu nombreuses en sciences . Elle fait face à un machisme latent avec une ténacité discrète et souriante mais inébranlable et doit concilier harmonieusement sa vie familiale et ses activités professionnelles .

Élève à l’École normale supérieure de 1949 à 1953, agrégée en sciences en 1953, elle obtient son doctorat ès sciences1 en 1960 après sept années passées comme attachée de recherche au CNRS, de 1953 à 1956, puis, de 1956 à 1959, comme assistante en botanique à la Faculté des Sciences de la Sorbonne où elle y exercera ensuite pendant 6 ans comme chef de travaux, de 1959 à 1965 . Maître de confé- rences puis professeur sans chaire en biologie cellulaire à la Faculté des Sciences de Jussieu de 1965 à 1970, Simone poursuit sa carrière comme professeur titulaire puis professeur classe exceptionnelle en biologie et toxicologie cellulaire et envi- ronnementale à l’université Paris-VII de 1970 à 1999 . Elle termine son parcours professionnel comme professeur émérite de 1999 à 2007 et enfin professeur émérite honoraire .

Tout au long de 60 années de carrière, Simone assure la direction de plusieurs laboratoires :

  • –  l’unité associée au CNRS Biologie cellulaire végétale ERA 325, de 1965 à 1973 ;

  • –  l’unité associée au CNRS Cytophysiologie et Toxicologie cellulaire UA 567, de

    1973 à 1985 ;

  • –  l’unité Inserm 303 Mer et santé de 1985 à 1994 ;

  • –  un groupe de recherche sur les microalgues toxiques qu’elle crée au MNHN en 1995 .

    Outre ses travaux de recherche très riches dont la liste des publications en constitue le témoignage, Simone crée de nombreux enseignements universitaires de 1er, 2e et 3e cycle ainsi que deux programmes Erasmus avec toujours un esprit pluridisciplinaire et novateur .

    Dans le domaine de la toxicologie elle met en place deux enseignements pionniers de 3e cycle :
    – en 1974, à l’université Paris-VII avec les Professeurs J .J . Godfroid et R . Milcent : 
    Toxicologie fondamentale et appliquée qui propose des options novatrices comme les méthodes alternatives utilisant des modèles cellulaires et qui ouvre de nombreux débouchés professionnels en particulier dans l’industrie pharmaceutique ;

    – en 1995, au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et à l’université Paris-VII avec le Professeur M . Goyffon : Biotechnologies liées aux toxines, qui fut transformé ensuite en parcours de master sous la responsabilité du Professeur C . Bernard .

    Ainsi, Simone a contribué à former plusieurs générations de chercheurs, d’en- seignants, de scientifiques dans le monde universitaire mais aussi dans celui de l’industrie et de l’environnement .

    Enthousiaste, déterminée et toujours avec empathie et désintéressement, « elle donnait envie d’apprendre », disaient ses élèves .

Entre 1970 et 1985, elle assume en outre de nombreuses responsabilités scienti- fiques et administratives dans l’université Paris-VII, entre autres la préparation du programme et du budget de recherche au sein du conseil scientifique de l’université et la direction de l’UER de Biologie-Génétique .

Hors université, elle participe à de nombreux conseils scientifiques en France et à l’étranger et a été active dans le domaine des sociétés savantes, ayant contribué à la création de certaines d’entre elles comme la Société Française pour l’Étude des Toxines (SFET), et l’Association pour la Recherche en Toxicologie (ARET) .

Enfin de 2005 à 2013, Simone a encore une activité de recherche et d’enseignement :

  • –  participation aux discussions de programmes d’expérience et à la rédaction de documents concernant la toxicité de cyanotoxines vis-à-vis du modèle poisson médaka ou de poissons dans des sites naturels ;

  • –  organisation de modules du master du MNHN dans le parcours Toxines, micro-organismes et médiateurs chimiques dans les écosystèmes ;

    – contribution à 18 publications .
    Après un ultime voyage musical à la Philharmonie de Berlin avec Gérard son 
    époux, Simone met fin, en septembre 2014, à ses dernières activités dans le monde universitaire et associatif pour mener une vie retirée compatible avec sa santé devenue défaillante, mais entourée chaleureusement de sa famille établie dans la campagne tarnaise .

    Face à une grande détresse physique, Simone vit les derniers mois de sa vie avec courage, sérénité et gentillesse, derniers reflets brillants de son caractère.

    Désormais, elle repose à Pratviel près de Lavaur, dans un petit cimetière niché sur une jolie colline boisée dont l’horizon s’étend du Pays de Cocagne à la montagne Noire .

    Au nom de tous, ma très chère Simone, je te remercie de tout le bonheur que tu as apporté autour de toi . Repose en paix .

    Gérard PUISEUX, son époux .

    Distinctions :
    – Commandeur de l’ordre des palmes académiques (1995)
    – Officier de l’ordre national du mérite (1981)

    Note

    1 . Recherches biologiques et physiologiques sur quelques Dasycladacées, en particulier le Batophora Oerstedii J. Ag. et l’Acetabularia mediterranea Lam.