DIVAN Lucienne - 1939 S

DIVAN (Lucienne), née à Sainte-Radegonde-en-Touraine (Indre-et-Loire) le 2 septembre 1920, décédée à Sainte-Tulle (Alpes-de-Haute-Provence) le 21 décembre 2015. – Promotion de 1939 S.


Lucienne Divan est née le 2 septembre 1920 à Sainte- Radegonde-en-Touraine (Indre-et-Loire), commune rattachée à la ville de Tours depuis 1964 . Ses collègues se souviennent qu’elle parlait avec un immense respect de son père, Fernand Divan (1901 s) . Il avait enseigné les mathéma- tiques au lycée Hoche à Versailles puis, souhaitant rejoindre sa jeune épouse Marcelle Joignet (1911 S), il demanda une mutation au lycée Montesquieu du Mans, où il resta six ans, pour rejoindre enfin le lycée Rollin, Paris IXe .

Lucienne Divan est entrée en 1939 à l’École normale supérieure de Sèvres . Elle a été reçue première à l’agrégation de physique en 1945, comme sa mère l’avait été trente ans plus tôt . Elle a enseigné aux lycées de Lille (1943-1944), puis de Chambéry (1945-1948) .

En 1948, elle fut nommée attachée de recherche au CNRS, et entra dans le laboratoire de Daniel Chalonge (1916 s) à l’observatoire de Paris, au moment où il commençait une nouvelle série de recherches en spectrométrie stellaire . Elle fut associée à tous les stades de ces travaux : mise au point de méthodes d’observation, d’étalonnage, de dépouillement, conduisant à une nouvelle méthode de classification stellaire, à trois paramètres . Dans un article publié en 1952 (Chalonge et Divan), généralisant le travail de Barbier et Chalonge en 1941, la méthode aujourd’hui connue sous le nom de BCD (Barbier, Chalonge, Divan) est présentée plus bas . Elle consiste à classer les étoiles selon la forme que présente leur spectre continu dans la région dite « de la discontinuité de Balmer », autour de 3700 Å .

Lucienne Divan a parallèlement développé une ligne de recherche personnelle sur l’absorption de la matière interstellaire . En 1954, elle a soutenu à Paris un doctorat ès sciences physiques : Recherches sur la loi d’absorption de la poussière interstellaire et sur le spectre continu des étoiles O et B . Elle a été nommée chargée de recherches en 1954, maître en 1957 et enfin directeur en 1967 .

Pendant de très nombreuses années, elle a été la collaboratrice la plus proche de Chalonge . Rappelons que Daniel Chalonge (1895-1977) avait été l’un des élèves préférés de Charles Fabry, et continuait la tradition française en optique, mettant au point de nombreux instruments (spectrographe Chalonge) pour étudier les spectres stellaires, en particulier le continuum ultraviolet . Leur équipe travaillait à des méthodes de classification appliquées à de très nombreuses étoiles, à la détermi- nation de rayons stellaires, à l’étude d’étoiles particulières comme le quasar 3C273 . Ses collègues disent que Lucienne Divan était l’âme du laboratoire . Elle a fait de nombreuses observations à l’observatoire du Jungfraujoch, et à Saint-Michel, en Provence, et plusieurs missions avaient pour but d’initier de jeunes chercheurs . Elle a pris ultérieurement la direction du laboratoire de spectrométrie où s’élaborait la classification stellaire .

Elle jouissait d’une très bonne reconnaissance internationale, en particulier elle était mondialement connue pour la classification stellaire BCD .

Il est important de remarquer que peu de femmes scientifiques de sa génération ont accédé à une telle notoriété, que cela lui a demandé beaucoup de sacrifices, et qu’elle a ouvert la voie à des collègues plus jeunes .

Son prénom a été donné à une petite planète : (1892) Lucienne, découverte en 1971 à Zimmerwald par Paul Wild .

Son engagement professionnel ne l’a pas trop éloignée de la montagne et de l’alpi- nisme, un loisir-passion qu’elle a découvert très jeune avec ses parents et qu’elle a pratiqué, entre autres avec des collègues dont Daniel Chalonge . Elle a accompagné au mont Blanc le futur prix Nobel de physique Alfred Kastler . En hommage aux astronomes Barbier, Chalonge et Divan, des alpinistes ont baptisé BCD une petite voie d’escalade difficile à la pointe Chalonge dans le massif des Écrins .

Elle a choisi de passer sa retraite à Saint-Michel l’Observatoire, où elle avait souvent travaillé . Elle n’a réellement cessé ses recherches personnelles que bien après 80 ans . Ses archives professionnelles, très bien classées, ont été données aux observatoires de Saint-Michel et du Jungfraujoch .

Elle avait de nombreux neveux et nièces qu’elle aimait bien . Elle invitait l’un ou l’autre à l’occasion d’un séjour en montagne, et même à l’observatoire du Jungfraujoch . Dans les dernières années de sa vie, leurs visites ont égayé sa solitude .

Françoise SEEUWS MASNOU (1962 S)